Mary Teuw, ancien ministre de Macky Sall, n’a pas été tendre avec son patron, qui s’est adressé à la Nation ce vendredi soir. Livrant son analyse de cette allocution, il a accablé le chef de l’État. « Lorsqu’un régime est sur une pente inexorablement descendante, il manque d’écoute, d’intelligence, de retenue et de bon sens », a-t-il relevé d’emblée.
Mary Teuw Niane s’attarde, ensuite, sur les omissions du chef de l’État dans sa lecture des incidents qui se sont déroulés à l’occasion de l’installation de l’Assemblée. A l’en croire, le Président de la République a pensé « tirer profit des malheureux événements de la séance d’installation de la 14ème législature ». « Il n’a pas hésité à énumérer des détails. Il a sciemment omis la gravissime intervention de la gendarmerie qui fait tâche sur notre démocratie et qui restera à jamais gravée dans l’histoire de notre pays à l’image des événements de 1962. Cette intervention aurait été évitée si les mécanismes de conciliation propres à l’Assemblée nationale avaient été mis en œuvre », estime Mary Teuw Niane.
L’ex ministre de l’Enseignement supérieur reproche à Macky Sall une tentative de récupération : « Dans son discours, le Président de la République s’attribue le beau rôle, il est le rempart, le garant de l’expression de la pluralité démocratique que les forces de l’ordre n’ont pas laissé s’exprimer. Il s’adresse aux Sénégalaises et aux Sénégalais pour tenter maladroitement de récupérer l’émotion ressentie le lundi dernier par les populations. Il pense ainsi recoudre les fils rompus qui le liaient au peuple qui l’a depuis longtemps abandonné ».
Il a fait hors sujet
En conclusion, Mary Teuw Niane reproche au chef de l’État d’avoir fait hors-sujet : « Les sénégalaises et les sénégalais attendaient qu’il tire les leçons du scrutin du 31 juillet 2022 en appelant au dialogue l’opposition, la société civile, les syndicats, etc., en vue de la constitution d’un gouvernement de large union nationale pour conduire notre pays aux élections présidentielles de 2024 dans la stabilité, la paix et la concorde. Les sénégalaises et les sénégalais attendaient qu’il annonce qu’il ne sera pas candidat en février 2024, libérant le pays, ses partisans et les secteurs économiques et qu’il tire les leçons des conditions qui lui avaient permis d’accéder au pouvoir en 2012. Enfin les Sénégalaises et les Sénégalais attendaient qu’il libère messieurs Khalifa Sall et Karim Wade des contraintes qui les empêcheront d’être candidat en 2024. Un discours décevant. Un discours opportuniste qui essaie de surfer sur l’émotion des sénégalaises et des sénégalais. Un discours qui confirme la ligne de conduite minutieusement exécutée depuis avril 2019. Enfin un discours au parfum de fin de règne ».