Demain lundi 12 septembre 2022, les nouveaux députés élus le 31 juillet 2022, vont installer la nouvelle Assemblée nationale.
Sera-t-elle une Assemblée nationale de rupture où tout simplement une Assemblée qui va tourner le dos aux aspirations des populations sénégalaises, à leurs souffrances, aux problèmes fonciers, à la cherté croissante de la vie, à la réparation des injustices et à leurs éradications, à la lutte contre la corruption, aux inégalités et aux iniquités, etc.
Aurons-nous une Assemblée nationale résolument et urgemment tournée vers le bilan objectif de nos institutions et leur refondation, la révision du code électoral en vue de la mise en place d’un dispositif d’organisation, de surveillance et de contrôle robuste, transparent et indépendant de toutes les forces politiques y compris celles qui sont au pouvoir, des élections?
La nouvelle Assemblée nationale sera-t-elle capable de prendre les lois permettant d’assurer réellement la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et la justice, entre les pouvoirs de l’argent et la justice, entre tous les pouvoirs et le pouvoir judiciaire ?
Nos nouveaux députés seront-ils déterminés à éradiquer la corruption, les fraudes, les dispenses de toute sorte en faveur de certaines catégories favorisées? Voteront-ils des lois pour faciliter l’accès aux soins de santé, l’accès au logement, la réduction des taux de prêts dans nos banques ( logement, équipements, etc.), l’accès à l’éducation et à la formation, l’accès équitable à la terre, la prise en compte des intérêts des personnes en situation de handicap, etc?
La nouvelle Assemblée nationale aura-t-elle le courage d’amender la constitution pour que le serment du Président de la République se fasse sur le Coran ou bien sur la Bible selon son appartenance religieuse, la religion soit enseignée dans l’école publique, la laïcité dans nos textes fondamentaux soit abandonnée ou bien définie clairement comme l’obligation de l’État de traiter les citoyens de manière égale par rapport à leur religion?
Nos nouveaux députés auront-ils le courage de déclarer officielles, nos langues nationales codifiées, leur utilisation officielle, écrite et parlée, dans l’espace public et l’obligation de leur enseignement dans le système éducatif ( de l’élémentaire au supérieur)?
Les nouveaux députés prendront-ils les lois qui protègent nos entreprises nationales publiques et privées, qui accompagnent les startups, qui les favorisent dans l’attribution des marchés publics, qui suscitent la naissance de nouvelles entreprises nationales publiques et privées dans des secteurs stratégiques pour notre pays, qui lance définitivement le processus d’industrialisation de notre pays à partir de nos ressources naturelles, extractives et de notre capital humain, qui permettent à l’État du Sénégal de reprendre la main sur nos ressources et les secteurs stratégiques de notre économie.
Il y a énormément d’urgences !
Les nouveaux députés seront attendu sur le choix du Président de l’Assemblée nationale, des Vice-présidents, du Questeur, des Secrétaires, des Présidents de Commissions, des Présidents de Groupes parlementaires. Assisterons-nous à fin de la lutte des places dans les différents camps ou en aurons-nous l’apothéose ?
La nouvelle Assemblée nationale à travers son installation, l’élection de son bureau et la constitution des commissions devra donner un signal fort à tout le Sénégal en basant ses choix sur la compétence, l’intégrité et l’engagement patriotique à servir le Sénégal. En effet, en agissant ainsi, les députés donneront un coup d’arrêt à la spirale de la promotion de la médiocrité qui sévit dans l’administration et les institutions depuis des années. L‘installation des médiocres dans beaucoup de secteurs contribue largement aux échecs parallèlement aux stratégies politiciennes mises en œuvre.
Le peuple sénégalais en ne donnant la majorité ni à la majorité au pouvoir et encore moins à l’opposition appelle la majorité et l’opposition au dialogue.
Les députés de cette législature ont la lourde responsabilité de traduire en acte le message des sénégalais: changer de paradigmes!
Les vingt-quatre mois qui leur restent doivent être mis à profit pour abréger les souffrances de la population, bâtir des institutions solides, assurer la stabilité politique et la paix sociale et rétablir la confiance du peuple sénégalais par rapport à ses femmes et à ses hommes politiques et à ses institutions.
Les citoyennes et les citoyens sénégalais sont des témoins avisés!
Honorables députés faites honneur à votre mandat, au peuple qui vous a élu et à nos valeurs ngor, jom et fit!
Honorables députés, vous n’aurez pas assez de temps pour agir cependant le peu de temps que vous aurez, vous pourrez l’utiliser dignement, courageusement et fièrement pour marquer à jamais l’histoire du Sénégal!
Dakar, dimanche 11 septembre 2022
Mary Teuw Niane