Au deuxième jour de sa visite en Algérie, le locataire de l’Elysée a appelé les jeunes africains à ne pas se laisser influencer par des réseaux « téléguidés » par des puissances étrangères qui présentent la France comme « l’ennemie » de leurs pays.
Le président français, Emmanuel Macron (photo), a accusé le vendredi 26 août, au deuxième jour de sa visite officielle en Algérie, des réseaux téléguidés « en sous-main » par la Chine, la Russie et la Turquie de répandre une propagande anti-française en Afrique, attribuant à ces pays un « agenda d’influence, néo-colonial et impérialiste ».
Interrogé sur la montée du sentiment antifrançais dans certains pays africains, M. Macron a appelé les jeunes algériens et africains à ne pas se laisser embarquer par « l’immense manipulation » de « réseaux téléguidés en sous-main » par ces puissances étrangères qui présentent la France comme « l’ennemie » de leurs pays.
« Je veux dire simplement la jeunesse africaine : expliquez-moi le problème et ne vous laissez pas embarquer parce que votre avenir, ça n’est pas l’anti-France. Oui, la France est critiquée. Elle est critiquée pour le passé, […] parce qu’on a laissé trop longtemps des malentendus s’installer, et aussi parce qu’il y a une immense manipulation », a-t-il dit, dénonçant « l’agenda d’influence, néo-colonial et impérialiste » de Pékin, Moscou et Ankara.
« Il y a un ennemi, c’est la France. Ça met tout le monde d’accord, c’est trop facile. Cela a peut-être été le combat de vos grands-parents, de vos parents, mais, partout en Afrique, on vous raconte des cracks, des carabistouilles », a ajouté le dirigeant français, s’adressant aux jeunes africains.
« Avançons », a-t-il poursuivi, en reconnaissant cependant que cela prendra « du temps pour rétablir la confiance ».
Ankara dénonce des déclarations « inacceptables »
Lors d’une tournée africaine qui l’a conduit fin juillet au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau, le locataire de l’Elysée avait tenu un discours similaire. Il avait notamment dénoncé la « présence hybride » de la Russie en Afrique, qui « passe par la désinformation et des milices », estimant que cela « est très préoccupant, parce que ce ne sont pas des coopérations classiques ».
Lors d’une tournée effectuée en Afrique de l’Est (Ethiopie, Kenya et Djibouti) en mars 2019, le président français avait aussi souligné le contraste entre les partenariats « respectueux » proposés par la France et « la démarche prédatrice » des investisseurs chinois.
En novembre 2020, il avait dénoncé « une stratégie menée par la Russie et la Turquie pour alimenter un sentiment antifrançais en Afrique en jouant sur le ressentiment post-colonial ».
Alors que les récentes déclarations d’Emmanuel Macron à Alger n’ont pas jusqu’ici suscité des réactions de la part de Moscou et Pékin, la Turquie a dénoncé, le samedi 27 août, les commentaires « inacceptables » du président français.
« Il est inacceptable que le président français qui, a des difficultés à faire face à son passé colonial en Afrique, particulièrement en Algérie, tente de s’affranchir de ce passé en accusant d’autres pays, dont le nôtre », a réagi le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Tanju Bilgic, fustigeant des commentaires « extrêmement malvenus ».