« Le choc sur les prix alimentaires mondiaux représente une inquiétude particulièrement grande pour les pays qui sont importateurs nets d’aliments ou de certains aliments devenus rares en raison de la guerre en Ukraine, à l’instar des grains », écrit l’assureur dans une étude publiée mardi, selon l’Afp.
Ce choc alimentaire réduit l’accès aux ressources « et pourrait même entraîner la chute de certains gouvernements comme lors des printemps arabes », prévient l’assureur, en référence aux mouvements de contestations populaires au tournant des années 2010 ayant été à l’origine de la chute de plusieurs régimes tels qu’en Tunisie et en Egypte, et dont une des composantes était la misère sociale.
A l’époque, les prix alimentaires avaient augmenté de 50%, rappelle Allianz Trade. Or le prix du blé est désormais supérieur aujourd’hui à son niveau de 2012.
L’assureur estime que onze États sont particulièrement à risque de voir émerger des conflits sociaux dans les prochaines années de ce fait. Il s’agit de l’Algérie, la Tunisie, la Bosnie-Herzégovine, l’Egypte, la Jordanie, le Liban, le Nigéria, le Pakistan, les Philippines, la Turquie, et le Sri Lanka, ce dernier pays déjà traversant sa pire crise économique depuis son indépendance.
D’autres pays importateurs nets de nourriture présentent selon l’assureur un risque de conflits sociaux, mais moins élevé, comme la Roumanie, Bahreïn, ou le Kazakhstan. L’Arabie Saoudite et la Chine sont aussi dans cette catégorie, mais les risques de conflits y sont encore un peu plus bas, ayant les reins financiers plus solides.
Le Fonds monétaire international a alerté fin avril sur « les risques de troubles sociaux » en Afrique subsaharienne en raison de la flambée des prix des aliments, et le directeur du département Afrique Abebe Aemro Selassie a confié à l’AFP être « inquiet » face à la situation.
Des mouvements de protestations plus ou moins violents avaient éclaté en 2008 dans une trentaine de pays, notamment au Sénégal et au Cameroun, ainsi qu’au Maghreb et dans les Caraïbes en raison d’une forte augmentation des prix des aliments de base.
L’Afrique sub-saharienne importe 85% de sa consommation de blé, avec des montants particulièrement élevés en Tanzanie, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, et au Mozambique, a indiqué le Fonds fin avril.
« Si nous ne nourrissons pas les peuples, nous nourrissons le conflit », affirme l’assureur Allianz Trade dans une étude estimant que onze pays, surtout en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient, présentent un risque élevé de tensions sociales en raison de la flambée des prix alimentaires.