Les élections législatives du 31 juillet 2022 vont déterminer la prochaine configuration politique du Sénégal. L’opposition sort ragaillardie des élections locales du 23 janvier 2022 avec 81 communes sur 554 et 5 départements sur 43. Bien que minoritaire, l’opposition dite radicale rassemblée dans la coalition Yewwi Askan Wi s’est réjouie de sa victoire dans certaines villes stratégiques dont Dakar la capitale. Mais est-ce suffisant pour crier déjà victoire aux législatives soumises à deux scrutins ?
L’opposition doit mieux étudier les modes de scrutins aux législatives avant de se prononcer sur une possible victoire aux élections du 31 juillet 2022 sans oublier les changements qui sont en cours dans le code électoral. Tout d’abord le nombre de députés reste le même mais la répartition du nombre de députés par scrutin change. Avec la création d’un 46ème département, le nombre des députés de l’Assemblée nationale devait passer de 165 à 172 aux pochaines législatives. Mais L’assemblée nationale a préféré rester sur le nombre de 165 députés.
Les députés, convoqués en séance plénière, vendredi 15 avril, à 10 heures, pour l’examen du Projet de loi n°04/2022 modifiant la loi n°2021-35 du 23 juillet 2021 portant Code électoral. L’article LO.148 et l’article L.150 alinéa premier, ont en effet été abrogés et remplacés. Le premier fixant le nombre de députés à 165 et le second déterminant le nouveau mode d’élection des parlementaires. Les députés sont élus à raison de 112 au scrutin majoritaire à un tour dans le ressort du département (15 députés pour la Diaspora et 97 députés dans les 46 départements du Sénégal) et 53 députés, au scrutin proportionnel sur la liste nationale…
Le scrutin majoritaire à un tour est le système électoral pour lequel il est le plus simple de déterminer la partie gagnante à partir des votes. On compte alors le nombre de voix obtenues par chaque liste. Celui qui recueille le plus de voix remporte les élections. Et 112 députés seront élus dans les 46 départements au scrutin majoritaire. Et 53 députés seront élus au scrutin proportionnel qui est un système électoral où le nombre de sièges à pourvoir est partagé en fonction du nombre de voix recueillies. Ce seront les députés issus des listes nationales.
Si la majorité des députés sera choisie au niveau départemental, le président Macky Sall et sa coalition Benno Bokk Yaakaar sont assurés de remporter la victoire aux Législatives du 31 juillet 2022. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Voici les résultats officiels à l’issue des élections locales : sur 46 départements que compte le Sénégal %), Benno Bokk Yakaar (coalition au pouvoir) a raflé les 37 départements avec 1.532 920 des voix (94,6%) et 527 communes sur les 557 que compte le Sénégal soit 80,43% de l’électorat. L’opposition radicale Yewwi Askan Wi ne remporte huit (8) départements avec un total de 783 768 des voix soit 17,39% des suffrages exprimés…
Si le président de la république et sa coalition conservent ces acquis obtenus trois mois avant les Législatives, il ne fait aucun doute que les 80% des 112 sièges de députés (soit 89 sièges) iront à la coalition Benno Bokk Yaakaar. Et sans compter aussi les 80% des 53 sièges du scrutin proportionnel (soit 42 sièges) se retrouveront aussi dans l’escarcelle du pouvoir en place. Un calcul rapide nous donne 131 sièges pour la coalition au pouvoir contre 34 députés de l’opposition.
Jean Charles Biagui, enseignant en Sciences politiques à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar partage largement l’avis de Xibaaru. « Il y a de mon point de vue un élément qui sera déterminant lors des prochaines législatives comme lors des précédentes. C’est le mode de scrutin qui privilégie les grandes formations politiques ainsi que les grandes coalitions. Le scrutin majoritaire a un seul tour favorisera le parti au pouvoir dans plusieurs départements, surtout si l’opposition y propose plusieurs listes différentes. » a-t-il dit lors d’un entretien avec un quotidien de la place.
Et c’est la majorité intacte de la coalition au pouvoir qui fera la différence aux législatives quand on sait que le parti au pouvoir a conservé tous les départements gagnés en 2014…Le chef de l’État l’a même rappelé au lendemain des élections municipales : « la majorité reste toujours intacte. C’est une majorité qui n’a aucunement changé. Par ailleurs, sur les 46 départements du pays, nos résultats représentent plus de 80%. Donc je n’ai pas eu ce qui n’a jamais été en ma possession, rien n’a changé ».