Le Président Macky SALL inaugure les infrastructures réalisées sous son magistère. Il n’a pas croisé les bras. Il a fait, même beaucoup fait, peut-être même a-t-il fait beaucoup plus que ses prédécesseurs réunis. C’est son devoir et son mérite.
Les ouvrages réalisés survivent à ceux qui les ont initiés et/ou réalisés dans le cadre de la continuité de l’État, chacun apportant sa pierre à l ‘édifice. Personne ne les mettra dans une valise à la fin de sa mission. Même si je suis un opposant au régime de Macky SALL, je sais reconnaître une réalisation et en apprécier la plus-value. Macky SALL capitalise politiquement les réalisations du régime qu’il incarne. C’est normal et on l’admet. Il inaugure des ouvrages dans le cadre d’un Plan de Sauvetage du 3ème mandat. On alerte.Après le ballon de baudruche du Premier Ministre Baara Yëggoo, le coup toujours à l’ordre du jour du parrainage, c’est le buzz des inaugurations qui est à la mode.
Disons-le tout net. Les réalisations, encore moins leur inauguration, ne donnent ni le droit ni la légitimité de briguer un troisième mandat. Le buzz des inaugurations ne met pas l’affaire dans le sac.Le Président Macky SALL n’inaugure pas « gratuitement », pour le Bon Dieu. L’objectif électoral des inaugurations est manifeste.
A l’occasion de l’inauguration du Pont Nelson Mandela à Foudiougne, il a réclamé 80 à 90% des suffrages pour les élections législatives.Que penser des inaugurations ? Au regard des moyens mis à la disposition du Sénégal depuis 2012 par le budget de l’Etat, les ressources naturelles dont nous disposons, les emprunts et autres facilités, les réalisations exhibées constituent une goutte d’eau dans l’océan.
Le bilan du régime de Macky SALL est négatif ; les sénégalais souffrent chaque jour davantage et aucun secteur n’est épargné même ceux dans lesquels les pompeuses inaugurations sont organisées. Le chômage endémique, la détresse de la jeunesse et la pauvreté chronique sont des réalités incontestables. Le pouvoir actuel doit apprendre à écouter la voix du peuple, à entendre son cri de cœur et à jeter un regard de compassion sur ses blessures qui saignent.
Sur la priorisation des projets, le financement du développement, les montages financiers, les procédures d’attributions des marchés publics, la gestion des ressources naturelles, l’aménagement du territoire, la crise sanitaire et celle de l’éducation, la pertinence des projets, les institutions, le processus électoral, l’administration, la justice et la sécurité, il y a beaucoup à dire sur les virages ratés. Nous y reviendrons en détail avec des solutions, secteur par secteur. Sur le train de vie de l’État et les dépenses de prestige, l’inventaire donne le tournis.
Dans un pays où la majorité de la population perd le sommeil à cause de l’inquiétude de la dépense quotidienne, le coût du logement et de l’avenir des enfants, le pouvoir en place exhibe des avions et bolides présidentiels, un rutilant parc automobile, des voyages aussi inutiles que coûteux, une masse salariale inadaptée et un fonctionnement ruineux d’institutions refuge confiées à des alliés politiques en fin de carrière.
Qui dit bilan, dit appréciation de l’actif et du passif. L’orientation des politiques publiques est mauvaise, la gouvernance est nébuleuse. Sur ce dernier point en particulier, le pouvoir inquiète avec la dissolution surprenante des entités aussi sensibles que le Fonds COVID (gestion des fonds de la pandémie de Mille (1000) milliards FCFA) et de l’ARMP (gestion des marchés de gré à gré).
Les ensevelis ne parlent pas ! En observant la série d’inaugurations et l’hypermédiatisation des bonnes nouvelles, le souvenir du sac qui servait à l’archivage des affaires judicaires sous l’Ancien Régime appelé « sac à procès » me vient à l’esprit.
Lorsque l’affaire à juger était bouclée, les dossiers étaient disposés dans le sac suspendu à un crochet au mur pour éviter leur destruction par les rongeurs en attendant que l’affaire ainsi pendante soit plaidée devant le juge. L’une des pièces maitresses pour que l’affaire soit dans le sac est qu’à force d’être éblouis par les inaugurations, les citoyens finissent par se dire « Macky a bien travaillé, laissons-le continuer ». C’est peine perdue car les rongeurs d’hier sont moins habiles que ceux d’aujourd’hui qui disposent de plusieurs tours dans leur sac.
Chaque chose en son temps. Les bonnes nouvelles pour le Sénégal sont espérées et attendues notamment le souhait de voir notre vaillante équipe nationale de football, sur la route de Qatar 2022, devenir championne du monde de football.
Pour y arriver, il a fallu se qualifier car nul ne peut gagner un match pour lequel il n’est pas qualifié. Cette leçon des Lions s’adresse à Macky SALL par rapport au troisième mandat qui constitue une épine dans son pied. En attendant, je lui souhaite de soulever cette coupe au nom de tous, sans arrière-pensées. Il ne faut surtout pas nous servir, sous l’effet de l’euphorie de notre peuple, du « Laissez-moi terminer mes chantiers ».
Nul n’est indispensable et le Sénégal dispose de mains propres et expertes pour sa construction durable. Nous devons contribuer à faire comprendre aux populations qu’elles doivent siffler la fin de la récréation car avec un point éclair aussi bas, le luxe de l’aventure du troisième mandat n’est pas concevable. C’est perdu d’avance.
Boubacar CAMARA Kamâh……………8 avril 2022