Éternuements incontrôlables, yeux rougis et nez qui goutte, les prémices du printemps riment souvent avec premiers pollens de l’année. Avec le réchauffement climatique et l’augmentation des températures, la saison des personnes allergiques pourrait commencer bien plus tôt et se finir bien plus tard selon une étude récente parue dans Nature Communications.
Si vous habitez sur l’arc méditerranéen, vous avez peut-être le nez qui démange, les yeux qui coulent et des éternuements incontrôlables depuis quelques jours. Dans la région, les cupressacées (les séquoias, le cyprès et les genévriers) sortent de leur repos hivernal et produisent du pollen en grande quantité. Dans l’ouest de la France, c’est le pollen de frêne qui sature l’air. La saison 2022 a commencé assez tôt, dès la mi-janvier, notamment à cause des températures douces enregistrées durant le début de l’année. Une tendance qui risque de perdurer, voire de s’accentuer, avec le réchauffement climatique.
L’interminable saison des allergies
Yingxao Zhang et Allison Steiner, du Department of Climate and Space Sciences and Engineering de l’université du Michigan, travaillent sur une simulation informatique qui prédit l’intensité et la durée des émissions de pollen journalières entre 2081 et 2100 dans un monde où les températures auraient bondi de 4 à 6 °C. Leur analyse ne concerne que les États-Unis et 13 taxons de plantes responsables de 77 % des allergies respiratoires du pays. Selon leurs résultats, la saison des pollens pourrait être beaucoup plus longue, mais aussi plus intense que celle que nous connaissons actuellement. Une mauvaise nouvelle pour les allergiques !
La simulation indique que les pollens de printemps pourraient apparaître avec 10 à 40 jours d’avance, et ceux d’été et d’automne perdurer jusqu’à 15 jours supplémentaires. Concernant l’intensité des émissions de pollen, toutes les espèces botaniques analysées ici ne réagissent pas de la même façon. Par exemple, les précipitations et la température diminuent la production journalière de pollen de 33 % pour l’aulne, mais augmente celle du chêne de 50 %.
Malgré tout, l’augmentation globale des émissions de pollen sur une année est en hausse de 16 à 40 %. Qui dit plus de CO2 atmosphérique, dit aussi plus de pollen. C’est une observation faite depuis de nombreuses années par la communauté scientifique. Quand les concentrations de CO2 entrent dans la simulation des chercheurs, le pic de production de pollen est 200 % plus haut que celui observé ces dernières années, toujours aux États-Unis.
Un sujet de santé publique important
Les allergies respiratoires dues au pollen sont un véritable enjeu de santé publique. Elles concernent 20 à 25 % des Français, adultes comme enfants. Chez les personnes prédisposées, les allergies respiratoires, comme le tabac ou la pollution, peuvent favoriser l’apparition de l’asthme. Cette maladie chronique se caractérise par l’inflammation des bronches qui provoque des épisodes d’essoufflement, de dyspnée, de pression thoracique et de toux.
Près de 2.000 personnes décèdent chaque année des suites de l’asthme dont une centaine d’enfants, d’adolescents ou de jeunes adultes. Santé publique France estime que plus de 60.000 personnes sont hospitalisées pour une crise d’asthme chaque année. Dans les années à venir, les allergies respiratoires risquent de durer plus longtemps et d’être plus intenses, augmentant ainsi le risque de complications.