Arachide et Cajou du Sénégal (Acasen) est le lieu d’expression du talent féminin. À travers la transformation de l’arachide et du cajou et la fabrication de la farine infantile, les transformatrices gagnent leur vie, proposant même leurs produits au marché extérieur pour « valoriser le Made in Sénégal ». Recevant une délégation du Parlement européen, les responsables d’Acasen sont revenus sur les étapes de la vie de l’entreprise et les projets futurs.
Dans une cour bruyante, la musique berce un petit groupe de personnes installées devant une table solennelle devant accueillir une délégation du Parlement européen. Des sachets de noix de cajou et d’arachide d’un joli emballage rouge ornent les différentes tables. Cet endroit, caché dans l’une des ruelles de Dieuppeul, est le lieu d’expression de plusieurs femmes qui valorisent les cultures locales. Ces produits sont collectés, travaillés, emballés, puis proposés au marché local et étranger.
Loin de l’ambiance festive qui prévaut sous l’une des tentes, une dame est à l’œuvre dans le laboratoire. Habillée d’une blouse rose, la tête couverte d’un bonnet et le plat posé sur les genoux, elle trie les bonnes graines, puis les place adroitement dans un grand sachet. Derrière elle, les machines, notamment les fours de grillage, marchent à plein régime ainsi que celles dédiées à l’emballage des produits finis. Comme pour épater les visiteurs, les différentes spéculations, à savoir l’arachide, le cajou, etc., sont exposées sur les tables installées dans une grande pièce.
L’histoire de cette entreprise, portée à 80 % par des femmes, est partie d’une expérience d’enfant, dans la cour familiale. « Ma mère ramenait de ses voyages commerciaux de Cotonou des graines de cajou pour ses clients. Fatiguée de rentrer avec de lourds sachets, elle finit par opter pour la préparation sur place. Avec les nombreuses sollicitations, elle finit par en produire en masse pour les commercialiser avec notre soutien. C’est ainsi qu’est née l’entreprise en 1992 », raconte la Directrice générale, Hermeione Awounou. Aujourd’hui, l’industrie de transformation, formalisée depuis le 18 février 2002, permet à 23 agents de gagner leur vie grâce à une clientèle constituée particulièrement par les stations-service, les compagnies aériennes et les hôtels. « Nous faisons la promotion du « Made in Sénégal » à travers la collaboration avec ces diverses structures », souligne Mme Awounou.
À part ces produits de base, les femmes, regroupées autour de cette entreprise, veulent inclure la pomme de terre. Une étude est en cours pour l’érection d’une usine de transformation en frites surgelées à Sandiara. Ceci, selon l’économiste Ousmane Birame Sané, permettra de créer des opportunités d’emplois et de favoriser la production locale et la transformation. « Le projet est estimé à 4000 euros. Nous prévoyons une production annuelle de 3000 tonnes de pommes de terre surgelées. Le marché est là avec les restaurants, les hôpitaux, etc. La croissance est possible », estime la Directrice générale.
Prenant part à cette visite, l’Ambassadrice de l’Union européenne à Dakar, Irène Mingasson, s’est réjouie de ce travail d’équipe. « Il s’agit d’un groupe armé d’une foi et d’une détermination inébranlable. Il montre qu’il est possible de donner l’opportunité aux jeunes et aux femmes de contribuer au développement du pays en misant sur les talents et les énergies. Ce projet met à contribution les ingrédients locaux pour favoriser la réussite et l’autonomie des femmes. Nous sommes fiers d’avoir pu contribuer au succès de cette initiative », souligne Mme Mingasson.