Depuis une semaine, Dakar Dem Dikk a lancé sept lignes de jonction avec différentes gares du Train express régional (Ter). Désormais, il est même possible de rallier l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) via le train, puis le bus. Un premier jalon dans le système de transport multimodal à Dakar en attendant le Bus rapid transit (Brt), pour le confort et le bonheur des usagers.
« On dirait que Colobane est la destination préférée des passagers de ce train », chahute un commerçant portant son sac de chaussures. Il fait allusion à la centaine de voyageurs qui se précipitent sur les valideurs pour sortir de la gare. Après cette étape, il est compliqué de se frayer un chemin. La passerelle grouille de monde. Il faut nécessairement marquer un temps d’arrêt. Le temps que les chemins se séparent. Si certains regagnent le grand marché, d’autres se dirigent vers les Hlm. Là-bas, trois bus de la société Dakar Dem Dikk sont stationnés en face des guichets. Ils appartiennent à la ligne 502 connectée au Ter depuis la semaine dernière pour le trajet Colobane-Ucad-hôpital Abass Ndao en passant par Gueule Tapée, Point E, etc. Par de petits groupes, les voyageurs montent à bord en cette matinée du lundi 14 février. En moins de 10 minutes, toutes les places assises sont occupées. D’une voix haute, le receveur prie le chauffeur de démarrer. Le top départ est donné pour les voyageurs qui, pour la plupart, ont quitté la banlieue par le Ter. Le véhicule roule lentement afin d’accueillir d’autres voyageurs. Parmi les derniers venus, Ousmane Bathily. Il est adossé à l’un des sièges pour ne pas perdre l’équilibre. Cartable à la main, il se rend dans une école située à quelques mètres de l’hôpital Abass Ndao. Voyageant à bord de cette ligne Dakar Dem Dikk pour la première fois, il loue l’initiative. « On l’avait annoncé juste après l’inauguration du Ter. La combinaison des différents systèmes est une bonne chose. Cela permet de gagner du temps et en dépensant parfois moins. Seulement, il faut diminuer les temps d’arrêt, pour une meilleure efficacité », dit l’homme vêtu d’une chemise, la tête bien coiffée. Ses propos font échos à ceux d’Oulimata Faye. Devant se rendre à quelques mètres de l’Université Cheikh Anta Diop, elle est assise à côté de la fenêtre. Habillée d’un uniforme bleu, elle livre une bonne impression de ce système. « On attendait longtemps avant de voyager à bord des cars « Ndiaga Ndiaye ». Maintenant, on a le bus à côté du Ter. C’est une bonne option à condition de ne pas observer de longs arrêts comme les cars rapides », souligne-t-elle, le sourire en coin. Cependant, oulimata juge le tarif un peu cher. « Comme c’est combiné au Ter, il fallait un tarif unique de 100 FCfa au lieu de 200 FCfa. Ceci, pour accompagner davantage les voyageurs », ajoute-t-elle.
« Initiative à perpétuer »
Après avoir franchi le valideur, trois voyageurs du Ter interrogent un des agents de la Seter (Société d’exploitation du Ter), sur le lieu de stationnement de la ligne 501 qui quitte la gare de Dakar pour le Camp Leclerc. « C’est juste devant Dakarnave », leur répond ce dernier. Satisfaits, ils se dirigent vers l’emplacement indiqué. Une file d’attente est formée en attendant que l’un des bus fasse demi-tour. Sous le chaud soleil, Hamidou Cissé témoigne : « Avec des bus à proximité de la gare du Ter, c’est plus facile de voyager. On gagne plus de temps. Mais, à mon avis, ce système devait être gratuit puisqu’on paie déjà le billet du Ter à 1000 FCfa entre Yeumbeul et Dakar ». Son camarade en rit, le taxant de partisan du moindre effort. Pour Youssoupha Wade, le tarif unique de 200 FCfa se justifie dans la mesure où, souligne-t-il, les gens payaient le taxi entre 300 et 500 FCfa pour la même distance. « Il faut que le parc soit bien renforcé afin que le système produise les effets escomptés. Ainsi, nous n’aurons plus à attendre la rotation des bus, sous le chaud soleil. C’est une initiative à encourager pour le développement de notre système de transport », souligne-t-il. Même s’il y voit la mort des taxis collectifs, Ousseynou Bâ salue la démarche. Assis devant sa table de cirage, à quelques mètres du Port autonome de Dakar, il applaudit un système de connexion qui, à ses yeux, fera des heureux. « J’habite dans la banlieue. Donc, je connais les difficultés du transport public. Avec le Ter, nous constatons de grandes améliorations. Aux heures de pointe, la gare est pleine à craquer. Si Dakar Dem Dikk prend le relais en prolongeant le voyage jusqu’à Leclerc, c’est une aubaine pour les voyageurs », se réjouit-il, proposant, lui aussi, un tarif unique de 100 FCfa.
» Le Soleil »
L’Aibd connecté
Muni d’un ticket Dakar-Diamniadio, Aliou Faye se dirige vers le quai de la gare de Dakar. Il traîne une petite valise. L’homme de grande taille, vêtu d’un costume traditionnel gris, expérimente, ce mercredi 16 février, la connexion Dakar-Diamniadio-Aibd via le Ter, puis le bus Dakar Dem Dikk. Il espère gagner du temps comme « annoncé sur les affiches ». « Pour mes activités professionnelles, je dois me rendre à Cotonou. Comme mon cabinet est à quelques mètres du port, je peux aisément prendre le Ter, puis prolonger le voyage à bord d’un bus. C’est un système performant dans les autres pays. Avec une organisation optimale, les passagers vont beaucoup en profiter avec des économies et du gain de temps », indique Aliou en allant s’asseoir sur l’un des bancs. Avec ce système, Dakar Dem Dikk prolonge le trajet du Train express régional de la gare de Diamniadio à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd). Le premier départ de la gare de Diamniadio a eu lieu le lundi 14 février 2022, à 6h 00mn, avec des fréquences de 90mn jusqu’à 13h et de 60mn jusqu’à 22h 30mn. Le départ de l’Aibd est fixé, quant à lui, à 5 heures du matin, avec des fréquences de 90mn jusqu’à 13h et de 60mn jusqu’à 21h 30mn. Le tarif est de 3000 FCfa.
D. DIENG
Des lignes express souhaitées
Dans la banlieue, plusieurs étudiants passent par Colobane pour rallier l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Le Train express régional constitue donc une belle opportunité pour eux. Cependant, l’innovation à travers des bus express permettrait de gagner du temps, selon Maïmouna Baldé, étudiante en Licence 2. « Avoir des bus à côté du Ter, c’est réellement une importante avancée. Le problème, c’est la durée du trajet. C’est compliqué de passer par la Place de la Nation, la Gueule Tapée, Point E, pour enfin rallier l’Ucad », souligne-t-elle. Elle suggère, dès lors, une ou des lignes express Colobane-Ucad à un tarif de 100 FCfa. Abdoulaye Faye est du même avis. Après le Ter pour le trajet Yeumbeul-Colobane, il veut se connecter au bus Dakar Dem Dikk, mais pas à n’importe quel prix. « Comme c’est une innovation, je le prends en acceptant le tarif de 200 FCfa. Mais, le trajet pose problème. Avec toutes les zones desservies, on perd du temps. Donc, ce serait intéressant d’avoir des lignes express Colobane-Ucad, Colobane-Gueule Tapée, entre autres », propose-t-il.