Le ministre malien des Affaires Etrangères a annoncé, samedi 1er janvier, que les élections présidentielles et législatives n’auront pas lieu, en février, mais dans cinq ans. Une décision contraire à l’engagement initialement pris devant la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) d’organiser des élections dans les meilleurs délais.
La junte a renversé le Président Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août 2020. A la suite de ce putsch, un engagement avait été pris par les autorités militaires au pouvoir devant la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) d’organiser, dans les meilleurs délais, le 27 février 2022 plus précisément, une transition démocratique, à travers des élections libres, ouvertes et transparentes.
Après quelques mois aux commandes, les tenants du pouvoir sont tout simplement revenus sur leur engagement. C’est contre toute attente qu’ils ont annoncé, par la voix de l’actuel ministre malien des Affaires Etrangères, Abdoulaye Diop, à la télévision publique : non seulement les élections ne seront pas organisées à la date retenue avec la Cedeao, mais en plus elles n’auront pas lieu avant cinq ans. Le président en exercice de la Cedeao, le Ghanéen Nana Akufo-Addo en avait été informé qu’à la veille.
En réaction de l’annonce de la junte, l’organisation sous régionale s’est réunie pour un sommet extraordinaire, sur le Mali le 9 janvier, à Accra (Ghana). Pour rappel, elle avait déjà menacé le 12 décembre, de prendre de nouvelles sanctions contre le Mali si les autorités n’organisaient pas les élections, le 27 février 2022, comme initialement convenu. Depuis des mois, la Cedeao ne cesse d’élever la voix et de prendre des mesures pour rappeler l’incontournable nécessité aux militaires à respecter le délai imparti.
La nouvelle posture affirmée de la junte au Mali, articulée à la volonté de s’accrocher au pouvoir pendant cinq ans a amené la Cedeao à prendre des mesures. Il est établi qu’en proposant une transition de cinq ans, les autorités maliennes font fi du souhait de la Cedeao de voir Bamako respecter la date du 27 février 2022 pour la tenue des élections. Par ailleurs, plusieurs formations politiques, réunies au sein du Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour une transition réussie au Mali, ont rejeté via un communiqué, le nouvel chronogramme de la junte qui prolonge «la transition pour une durée cumulée de six ans et six mois». Ce même cadre relevait à travers le communiqué qu’il se réserve «le droit d’user de tous les moyens légaux afin que les principes démocratiques ne soient liquidés par la force et la ruse».