L’embargo est une batterie de sanctions économiques prises à l’encontre d’un État. Son objectif est de restreindre ou empêcher certaines importations et/ou exportations. La pression économique ainsi exercée veut contraindre l’Etat visé au respect de ses engagements internationaux.
Pour faire plier les Etats qui ne se soumettent pas à l’ordre international, les autres Etats choisissent de plus en plus de frapper au portefeuille. Un embargo peut être ainsi décidé par une organisation internationale comme les Nations unies, ou de façon unilatérale, par un État ou un groupe d’États. S’il peut concerner tout type de produits ou de biens, l’embargo ne saurait en revanche viser les importations à caractère humanitaire. D’autre part, l’efficience d’un embargo tient à la solidarité de la communauté internationale qui en a décidé la mise en œuvre, ou encore à la puissance économique de ses promoteurs.
Les frappes au portefeuille sont devenues tellement courantes dans les relations internationales qu’elles font pour ainsi dire partie du paysage. Russie, Iran, Cuba, Corée du Nord, Venezuela, Birmanie, Zimbabwe, Nicaragua, Syrie, Yémen… Chaque année ou presque, un nouveau pays vient allonger la liste des Etats condamnés par d’autres pays.
A la vérité, les sanctions économiques prises envers des états datent de très longtemps. Selon une étude, près de 200 régimes de punitions ont été instaurés au cours du seul XXe siècle. Les techniques d’action peuvent varier (de la simple interdiction d’importation de certains produits aux restrictions générales de circulation de biens, de financements ou d’investissements, en passant par le gel d’avoirs de dirigeants et le blocus complet), mais l’objectif est toujours le même : faire plier l’Etat concerné en affaiblissant son économie.
Mais qu’en est-il du véritable objectif des sanctions qui consiste à faire plier un gouvernement ? Historiquement, ces sanctions mettent énormément de temps à atteindre leur objectif. Cet apparent paradoxe est en réalité assez facile à expliquer. La population a tendance à faire bloc autour de ses dirigeants, et ces derniers ont alors beau jeu de désigner les pays étrangers comme les vrais responsables des malheurs.
Des embargos qui ont marqué l’histoire
La mobilisation contre le régime raciste instaurée en Afrique du Sud amena à un boycott dans les années 1960.Il s’intensifia dans les années 1980, avec notamment l’interdiction d’achat du rand, la monnaie locale, et la mise en place d’un embargo pétrolier. La plupart des sociétés étrangères quittèrent l’Afrique du Sud. Si les mesures de rétorsion n’expliquent pas entièrement la fin de l’apartheid, elles y ont contribué. Il a cependant fallu attendre trente et un ans pour que les restrictions économiques imposées en 1963 débouchent sur la normalisation du pays. Elles ont joué un rôle, mais dans l’absolu, elles ne sont certainement pas la seule explication à l’abandon de cette politique raciste. En 1990, à la suite de l’invasion du Koweït par l’armée de Saddam Hussein, un embargo commercial et militaire est décrété contre l’Irak par les Américains et les Européens. Les conséquences humanitaires furent si terribles qu’un programme Pétrole contre nourriture fut mis en place par l’ONU : il permettait aux Irakiens de vendre leur brut pour acheter des produits de première nécessité.