Le 1er décembre 1944, des dizaines de soldats africains appelés « tirailleurs » sont exécutés par l’armée française dans le camp de Thiaroye, au Sénégal. Ces hommes, qui ont combattu pour la France lors de la guerre et anciens prisonniers des nazis, réclamaient le paiement de leur solde.
Selon la version officielle, la répression fait suite à une mutinerie. Une thèse réfutée par l’historienne Armelle Mabon, maître de conférences à l’Université Bretagne Sud. Elle dénonce un mensonge d’Etat et un crime de masse prémédité.
Pourquoi tant de silence au sujet de ce massacre ?
Il y a eu clairement des volontés à différents niveaux de cacher cela. Ça se comprend du point de vue de l’autorité militaire. Le film “Camp de Thiaroye” (du réalisateur sénégalais Ousmane Sembène en 1988, NDLR) n’a pas été diffusé en France alors qu’il avait été primé au festival de Venise et qu’il a eu de très bonnes critiques.
Les réseaux de distribution ne l’ont pas acheté. L’armée française avait dénoncé à l’époque l’exagération du film même si c’est une œuvre de fiction, tourné 45 ans après les faits.
Il est vrai que la question du passé est compliquée en France, tout particulièrement concernant Vichy et la Seconde Guerre mondiale. La question coloniale est aussi sensible. La Guerre d’Algérie reste encore très présente.
Il peut y avoir des volontés d’occultations sur Thiaroye en particulier, mais il faut savoir que cela a été commémoré ces dernières années au Sénégal. En 2004, on avait déjà eu une première déclaration d’un ambassadeur spécial français qui avait été dépêché par Jacques Chirac en et qui avait reconnu Thiaroye à un niveau étatique et officiel.