Samedi soir, la Cop26 de Glasgow a annoncé l’aboutissement d’un accord sur un pacte, conclu entre quelques 200 pays. Quels sont les engagements pris ? Que retenir de ces quinze jours de Cop26 ? Que va-t-il se passer désormais ? Éléments de réponses.
« C’est le moment de vérité pour notre planète et c’est aussi le moment de vérité pour nos enfants et nos petits enfants », a déclaré ce samedi soir, très ému, Alok Sharma, lors de la conclusion de l’accord final de la Cop26 qu’il préside, à Glasgow.
Il a admis que le monde n’avait pas tenu les promesses faites lors de l’adoption de l’accord de Paris en 2015 mais que le projet de déclaration finale de la Cop26 « reconnaissait ce fait et appelait à y répondre ».
Ce projet contient « des pas concrets pour la suite et des étapes très claires pour nous mettre sur les rails conduisant aux objectifs de l’Accord de Paris » qui vise à limiter le réchauffement de la planète « bien en deçà » de 2°C et si possible à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle.
Les délégations de quelque 200 pays sont arrivées, au terme de deux semaines, de négociations menées jour et nuit sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre, les financements aux pays en voie de développement, les plus affectés par le changement climatique, et nombre de contentieux.
Quels seront ces « pas concrets pour la suite » ? Explications.
1- Quelles sont les avancées majeures réalisées avec le Pacte ?
L’accord de Paris de 2015, qui visait à limiter le réchauffement de la planète « bien en deçà » de +2°C par rapport à l’ère industrielle, si possible +1,5°C, ne contient pas les mots « charbon », « pétrole », « gaz », ni même « énergies fossiles » pourtant principales responsables de changement climatique.
Alors la première mention de ces énergies polluantes dans un accord des quelque 200 pays signataires a été saluée comme « historique ». Un premier projet de texte appelait les pays à « accélérer la sortie du charbon et des subventions aux énergies fossiles ». Mais sous la pression de l’Inde, de la Chine et de l’Arabie saoudite, la portée du texte a été progressivement affaiblie.https://platform.twitter.com/embed/Tweet.html?embedId=twitter-widget-1459631621091516427&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1459631621091516427&lang=fr
Jusqu’à la dernière minute où sous les yeux des caméras — mais sans son — le président de la COP26 Alok Sharma a dû faire des allers-retours entre les divers groupes pour faire accepter une ultime revendication des délégations indienne et chinoise.
Également dans le texte du Pacte : une demande aux parties de revisiter et de renforcer « leurs objectifs 2030 […] autant que nécessaire pour les aligner avec les objectifs de température de l’Accord de Paris, d’ici la fin de 2022 ».
Enfin, après un échec à la COP24 en 2018, puis à la COP25 en 2019, le Pacte a permis de trouver un accord sur ces règles des marchés carbone destinés à aider à la réduction des émissions de CO2. Le texte permet de « combler certaines des failles scandaleuses, comme le double comptage », qui permettrait à une tonne de CO2 d’être comptabilisée à la fois par l’acheteur et le vendeur, a commenté Laurence Tubiana, architecte de l’accord de Paris. « Mais ce n’est pas suffisant pour empêcher les entreprises et les États de mauvaise foi de contourner le système », a-t-elle indiqué à l’AFP, réclamant un organe de surveillance de la mise en œuvre de ces marchés.
2- À peine entériné, pourquoi le pacte est-il d’ores et déjà critiqué ?
Le patron de l’ONU lui-même a relevé les faiblesses de ce « Pacte de Glasgow », avertissant que « la catastrophe climatique frappe toujours à la porte », la « volonté politique » ayant manqué pour surmonter les « contradictions » entre pays.
Avant d’entériner d’un coup de marteau l’adoption, Alok Sharma, s’est dit, les larmes aux yeux, « profondément désolé » pour ce dénouement. Il avait plus tôt estimé que l’accord « inaugurerait une décennie d’ambition croissante » en matière de climat.https://platform.twitter.com/embed/Tweet.html?embedId=twitter-widget-1459609948170723332&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1459609948170723332&lang=fr
Sur le point critique de la limitation des températures, alors que la planète se trouve selon l’ONU sur une trajectoire « catastrophique » de réchauffement de 2,7°C par rapport à l’ère pré-industrielle, le texte appelle les États membres à relever leurs engagements de réductions plus régulièrement que prévu dans l’accord de Paris, et ce dès 2022.
Mais avec la possibilité d’aménagements pour « circonstances nationales particulières », point qui a suscité les critiques des ONG sur les ambitions réelles du texte.
3- Pourquoi les pays pauvres étaient-ils si réfractaires à signer ?
Le dossier explosif de l’aide aux pays pauvres, qui a un temps semblé pouvoir faire dérailler les négociations, n’a par contre pas trouvé de résolution. Échaudés par la promesse toujours non tenue des plus riches de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à 100 milliards de dollars par an, les pays pauvres, les moins responsables du réchauffement mais en première ligne face à ses impacts, demandaient un financement spécifique des « pertes et préjudices » qu’ils subissent déjà.
A contrecœur, ils ont cédé, acceptant une poursuite du dialogue afin de ne pas perdre les avancées sur la lutte contre le réchauffement, dont les effets les menacent déjà directement. Tout en se disant « extrêmement déçus ».https://platform.twitter.com/embed/Tweet.html?embedId=twitter-widget-1459620736197402630&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1459620736197402630&lang=fr
« C’est une insulte aux millions de personnes dont les vies sont ravagées par la crise climatique », a commenté Teresa Anderson, de l’ONG ActionAid International.
4- Quelles sont les premières réactions ?
Les premières réactions font majoritairement état d’une grande déception. « C’est mou, c’est faible, et l’objectif de 1,5°C est à peine en vie, mais il y a un signal sur la fin de l’ère du charbon. Et c’est important », regrettait Jennifer Morgan, patronne de Greenpeace International.
L’égérie du mouvement mondial des jeunes pour le climat, Greta Thunberg, a été lapidaire, qualifiant une nouvelle fois la COP26 de simple « bla bla bla ». « Le vrai travail continue en dehors de ces salles. Et nous n’abandonnerons jamais, jamais », a-t-elle promis sur Twitter.https://platform.twitter.com/embed/Tweet.html?embedId=twitter-widget-1459612735294029834&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1459612735294029834&lang=fr
Le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, estime quant à lui que cet accord reflète « les intérêts, les conditions, les contradictions et l’état de la volonté politique du monde d’aujourd’hui ».
5 – Que pensent les scientifiques du pacte ?
Les experts du climat estiment que leur message est passé lors des discussions de la Cop26 mais que des travaux urgents restent nécessaires.
Depuis quelques jours, des scientifiques avaient rejoint les rangs des manifestants qui protestaient dans les rues de Glasgow. Certains s’étaient même enchaînés les uns aux autres pour protester, relate Nature. L’un d’entre eux, Charlie Gardner, biologiste à l’Université du Kent, affirme ne pas être impressionné par les engagements climatiques de la Cop26 et que l’argent et le lobbying des secteurs, y compris l’industrie des combustibles fossiles, ont trop d’influence sur les gouvernements.
« Il y a beaucoup d’intérêts acquis très puissants qui ne veulent pas que nous nous décarbonions rapidement car cela limiterait leur capacité à faire des profits » explique-t-il dans Nature.
6- Que va-t-il se passer maintenant ?
Après quinze jours de négociations éprouvantes, les délégations vont rentrer dans leurs pays respectifs et les rues de Glasgow vont se vider des manifestants. C’est maintenant, affirment les experts, que le vrai travail commence.
La conclusion d’un accord « nous rend confiants sur le fait que nous pouvons offrir à l’humanité un espace sûr et prospère sur cette planète. Mais il n’y aura pas de temps à perdre : un travail difficile nous attend encore », confirme Ursula von der Leyen, cheffe de l’exécutif européen.
Chaque pays va devoir s’appliquer à mettre en place des stratégies pour respecter leurs engagements. Le compromis trouvé n’assure d’ailleurs pas le respect des objectifs de l’accord de Paris de 2016, qui imposait de limiter le réchauffement « bien en deçà » de 2°C et si possible à 1,5°C.Cop26 : l’avenir de la planète se joue-t-il à Glasgow ?
Les experts avertissent régulièrement que « chaque dixième de degré compte » alors que se multiplient déjà les catastrophes liées au changement climatique : inondations, sécheresses ou canicules, avec leur cortège de dégâts et de victimes.Cop26. Accord, réactions, avenir… Ce qu’il faut retenir de la co