Classes inondées, manque d’infrastructures, abris provisoires… 7 ans après le lancement du concept «Ubbi tey jang tey», l’école sénégalaise navigue à vue alors que l’ouverture des classes est prévue ce matin. Pour le démarrage des cours le jour de la rentrée pour tous, ce n’est pas demain la veille. Il urge donc de se débarrasser des facteurs qui plombent cette effectivité des cours.
Depuis son lancement en 2014, le concept Ubbi tey jang tey peine à être matérialisé dans les écoles sénégalaises. Chaque année scolaire, un nombre de défis structurels et conjoncturels met des nuages sur le démarrage des enseignements-apprentissages dès le premier jour de la rentrée.
Pour ce matin qui marque l’ouverture des classes, beaucoup d’écoles sont inondées et ne seront pas praticables. Les fortes pluies de l’été ont mis à nu le peu d’infrastructures de qualité dont disposaient beaucoup de lieux d’apprentissage. Au Cem de Hann comme dans beaucoup d’autres établissements scolaires, les élèves ont brûlé leurs feuilles et saccagé certaines classes lors de la fin de l’année 2020-2021. Ces scènes étaient devenues virales et se sont propagées un peu partout au Sénégal avec même des enseignants violentés par des potaches.
Au Lycée Ousmane Sembène de Yoff, quelques gouttes de pluie ont suffi pour inonder certaines classes et la proviseure, Awa Sarr Ndiaye, demande l’aide des autorités dans une école où tout manque ou presque. Dans certaines régions, les abris provisoires demeurent toujours une patate chaude. Par conséquent, Ubbi tey jang tey est juste une illusion au moment où le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, compte faire une tournée dans des écoles de Dakar ce matin. Vie chère oblige, les inscriptions des élèves se feront certainement au compte-gouttes, surtout dans le public.
Un concept en construction
7 ans après, le concept Ubbi tey jang tey est toujours en construction. Aujourd’hui, seuls quelques établissements privés parviennent à appliquer ce souhait. Ensuite, si tous étaient mobilisés lors de la campagne pour un démarrage des cours dès le premier jour de la rentrée, les syndicats d’enseignants semblent à bout de souffle. De plus, les multiples bras de fer avec le ministère de l’Education nationale ont freiné les professionnels de la craie qui ne se sentent plus concernés. Que dire des collectivités territoriales ? Les maires sont prompts dès le mois d’octobre à fournir les écoles en fournitures lors de cérémonies ultra médiatisées. C’est tout ! Pour les 9 mois de l’année scolaire, ils sont quasi absents dans l’amélioration de la qualité des enseignements. A cela, s’ajoutent les problèmes d’orientation des élèves et la disposition du budget des écoles à temps.
Les prochaines Locales risquent aussi d’être un facteur de blocage pour l’école. Il faudra éviter que les adultes, mus par des intérêts purement politiciens et des enjeux électoralistes, prennent en otage l’école.
Aujourd’hui, il urge pour chaque école d’identifier ses problèmes afin de trouver les solutions à ceux-ci. Tous ces problèmes doivent amener les acteurs à un débat orienté sur les déterminants de la qualité des enseignements-apprentissages. Pourtant, toutes ces thématiques ont été discutées lors des Assises de l’éducation en août 2014. On attend toujours la matérialisation des recommandations. Comme aussi on devrait évaluer le Programme d’amélioration de la qualité de l’équité et de la transparence (Paquet) lancé sous le ministre Serigne Mbaye Thiam.