La commune de Niani Toucouleur peine à prendre son essor à cause de son enclavement profond qui fait d’elle la localité la plus inaccessible du département de Tambacounda (est). Pour s’y rendre, il faut emprunter une route boueuse, cahoteuse et parsemée d’ornières creusées par les roues des charrettes et des motos qui la parcourent quotidiennement. Çà et là surgissent, nichés dans la forêt ou perchés sur les collines, quelques-uns des villages de cette commune sans route ni électricité.
Le chef-lieu de commune, Niani Toucouleur, situé dans l’arrondissement de Maka Colibatang, concentre 36 villages et deux hameaux. A l’image des autres villages de la commune, il n’est pas non plus relié au réseau électrique. Au bout de la piste rurale reliant la commune de Malem Niani au village de Méréto (35 km) à partir de la nationale 1, débute un véritable parcours du combattant pour celui qui veut se rendre dans cette commune.
C’est dans cette zone du département de Tambacounda que se trouvent les villages issus du projet des ‘’Terres neuves’’, une initiative du défunt président Léopold Sédar Senghor, qui a consisté en un déplacement d’agriculteurs du centre du Sénégal, densément peuplé, vers cette partie qui l’était beaucoup moins. En quittant le village de Méréto, il faut deux heures en voiture sur une piste serpentant au milieu des champs de maïs, d’arachide et de niébé ceinturant les villages créés dans le cadre du projet et désignés par des numéros.
Dans cette zone se trouvent les villages désignés par les numéros compris entre 1 et 10 et peuplés en majorité de Haalpulaar et de Seereer. Ici, les multiples efforts des populations pour assurer le développement de leur terroir tardent à donner les fruits espérés, les infrastructures peinant à sortir de terre pour accompagner la communalisation de Niani Toucouleur.
‘’Notre commune ne dispose ni de piste encore moins d’électricité. Nous sommes coupés du département de Tambacounda auquel nous appartenons au plan administratif. Pour atteindre la route bitumée, il nous faut parcourir une piste de 65 km’’, déplore le maire de Niani Toucouleur, Seydou Ba. Devant un tel enclavement, les paysans n’ont d’autre choix que de stocker leurs récoltes dans des greniers et parfois même sur les toits des cases en paille. Il en est ainsi à Lamma Samba, Koumare ou Diamaguène Sine.
La raison tient au fait qu’il est presque impossible de charger autant de récoltes dans des charrettes ou sur des motos et traverser toute la forêt pour aller les vendre dans les marchés des localités environnantes.
‘’Pendant la saison sèche, l’accès est moins difficile. Mais avec l’hivernage, les buissons sont touffus et les champs s’étendent à perte de vue. Donc, c’est prendre trop de risque que de passer deux heures à l’aller et deux heures au retour pour vendre les productions agricoles’’, a expliqué Seydou Ba.
Concernant l’électricité, le maire assure avoir remis au chef de l’Etat un mémorandum, lors de sa tournée économique dans la région de Tambacounda. Sur le plan sanitaire, la mairie a construit une case de santé, au profit surtout des femmes en état de grossesse. La commune, qui se trouve à moins de 10 km de la Gambie, est encore dépourvue d’un poste de santé, ce qui fait que les évacuations sur Tambacounda se font à bord de charrettes, via Malem Niani, situé à 65 km de Niani Toucouleur.
Mais une fois arrivé dans cette localité desservie par une route bitumée, le malade devra encore arpenter 75 km avant d’arriver à l’hôpital régional de Tambacounda. La complicité des habitants avec leur maire et le fort engagement des femmes dans le développement local tardent à produire l’impulsion qu’il faut pour mettre Niani Toucouleur sur la voie du développement.