L’information sur le trafic de passeports diplomatiques où deux députés seraient mouillés, El Hadji Mamadou Sall et Boubacar Biaye, a mis mal à l’aise toute la République.
C’est vrai que tout récemment, un député a été accusé de viol, un autre de trafic de faux billets, apparemment pris en flagrant, etc. D’autres se crêpent le chignon à l’Assemblée parfois d’une façon éhontée, mais, là, on soutient que cela se passe aussi, ailleurs. D’ailleurs, le Khalife général des Tidjanes Serigne Babacar Sy Mansour, n’avait pas hésité, tout récemment d’épingler les députés sur la méconnaissance de leur rôle mais surtout le fait, pour eux, de passer à côté de celui-ci.
En tout état de cause, l’histoire des passeports diplomatiques est d’autant plus grave qu’il s’agit de notre crédibilité en tant qu’Etat et de notre capacité à ‘’commercer’’ avec les autres, sainement, dans le cadre des relations internationales. Car, si des facilités sont faites à des personnalités à travers le passeport diplomatique, c’est que l’on sait qu’elles ont une mission de service public et qu’à ce titre, il est important de leur faire confiance en leur facilitant leurs tâches avec la complicité de la communauté des Nations.
Sous réserve de la présomption d’innocence qui donne à chaque suspect ou prévenu, le droit de se considérer innocent tant que sa culpabilité n’est pas établie, nous pensons que la corruption généralisée a fini de faire de notre pays, une république bananière ou tout est possible. Les trafics de tous genres sont souvent dénoncés, des personnes épinglées avec, parfois, une facilité à les revoir dehors s’il s’agit de gros bonnets.
Nous jouons malheureusement, notre crédibilité en tant qu’Etat souverain dont les institutions sont certes solides, mais où certains de ses fils, malhonnêtes et profitant de l’impunité ambiante, versent dans la délinquance à col blanc.
Pourtant, les députés sénégalais ne sont pas si mal traités. Ils sont bénéficiaires d’émoluments corrects, d’avantages, de respectabilité et même de possibilité à s’absenter sans vraiment raisons valables des séances qui ne sont pas toujours organisées.
C’est dire qu’ils font partie des privilégiés de notre pays. Ils bénéficient en plus de passeports diplomatiques qui leur permettent de voyager partout sans certaines contraintes, de voitures, de carburant, d’un hôtel, etc.
Mais, malheureusement, chassez le naturel, il revient au galop. Les habitudes prises dans les maisons, les quartiers et les villages font qu’une fois au pouvoir, on a du mal à s’en départir, surtout si l’on rechigne à poursuivre les gens du régime.
Car, depuis l’arrivée du Président Sall, pas un seul de ses proches ou partisans n’a vraiment été inquiété. Et pourtant, les institutions de contrôle comme l’Ofnac, la Centif, la Cour de compte, l’Ige, produisent des rapports annuels où de hauts cadres sont indexés pour mal gouvernance. Cette attitude est de nature à battre en brèche le caractère impersonnel et général des lois et à encourager, certains, à être hors-la-loi.
D’ailleurs, la vidéo qui circule mouillant Kilifeu de Y’en a marre et le passé récent où des marabouts et autres ont été cités dans ce trafic de passeports diplomatiques, doivent inciter à mettre un coup de frein à cette hérésie. Car, l’Union européenne et même les Etats-Unis avaient soit pris des mesures soit tapé sur la table à propos des passeports diplomatiques sénégalais.
Si l’on n’y prend garde et si rien n’est fait, les pays partenaires seront dans l’obligation de réagir, ce qui aura pour inconvénient, d’handicaper les autres détenteurs légitimes de ces passeports. Si le Sénégal continue à s’amuser à laisser se généraliser la corruption à tous les niveaux, au vu et au su de tout le monde, il devra faire le deuil de la respectabilité et de la considération de ses pairs.
C’est à nous de choisir. Ou nous protégeons les délinquants ou nous protégeons notre Etat et veillons sur son honorabilité. Car, ces affaires ne font que désacraliser la République, la banaliser, à nos risques et périls.
Assane Samb