Dans la région de Ziguinchor, les cas de suicide ont retenu l’attention des uns et des autres ces dernières semaines. Pendant le mois d’août, trois décès par pendaison ont été enregistrés. En prélude à la journée mondiale de la prévention du suicide célébrée ce vendredi 10 septembre, le directeur du centre psychiatrique Émile Badiane de Kénia, le Dr Adama Coundoul, a tenté de donner les raisons qui poussent certains à mettre fin à leurs jours tout en préconisant le dépistage des personnes à risque, seule arme pour faire face à ce phénomène.
Au mois d’août, le département de Ziguinchor a connu deux tragédies liées au suicide par pendaison. L’une est survenue le 9 août dernier au quartier Tilène dans la ville de Ziguinchor, avec la mort de la jeune Yvonne Diédhiou, âgée seulement de 24 ans et mère d’une fille de deux ans. D’après Michel Diatta, un de ses cousins qui s’est confié à la presse, feue Yvonne s’est donné la mort le jour même de l’anniversaire de sa fille. Treize jours plus tard (le 22 août), la deuxième tragédie a eu lieu, avec le rappel à Dieu de Malang Mané dans les mêmes circonstances.
Âgé d’une trentaine d’années, la victime, venue de Birkima, dans le département de Goudomp pour se soigner au quartier Kantène a été retrouvée morte dans sa chambre à coucher. Ainsi, le département de Ziguinchor est encore plongé dans le deuil. Le 25 du même mois, c’est autour du département de Bignona d’enregistrer son premier cas de suicide de l’année avec le décès de Diéré Sagna âgé de 35 ans. Ce jeune homme a été retrouvé mort pendu dans les champs situés entre les villages de Kagnarou et Sindian. Au total, la région a connu trois cas de suicide par pendaison en un seul mois. Le phénomène persiste et inquiète. Mais, qu’est-ce qui l’explique ? Pourquoi autant de morts ? Le Directeur du centre psychiatrique Émile Badiane de Kéniaà Ziguinchor tente de diagnostiquer un mal profond qui a déjà emporté trois jeunes dans la capitale régionale du Sud. « Il serait très difficile quand même de donner une explication à ces cas de suicide. Même si on a noté une surmédiatisation des cas de suicide, personne ne peut donner des statistiques fiables, parce qu’aucune étude n’a été menée dans ce sens », a expliqué le Dr Adama Coundoul. Poursuivant, il relativise : « Cependant, c’est quand même excessif.
Quand une seule personne décède dans ces conditions, ça interpelle tout le monde, d’abord la famille du défunt et toute la société. Mais, on ne peut pas se baser sur les informations que nous recevons tous les jours à travers les médias pour dire qu’il y a une recrudescence des cas de suicide dans la région de Ziguinchor ».
Le suicide touche plusieurs catégories de personnes
Quand on apprend un décès par suicide, l’on se demande pourquoi la victime a décidé de mettre fin à ses jours. Selon le Dr Coundoul, généralement ceux-là qui se donnent la mort ne sont pas uniquement des individus qui sont malades. A son avis, il y en a qui se suicident parce qu’ils « ont un problème existentiel qui peut être d’ordre familial, social, professionnel ou encore d’ordre sentimental ». De plus, a-t-il précisé, quand l’individu ne parvient pas à se prendre en charge correctement, il va tout simplement penser que la seule issue, c’est de se donner la mort pour ne plus avoir à supporter ce supplice. Outre ceux qui se suicident pour échapper aux difficultés auxquelles ils sont confrontés, le responsable du centre psychiatrique Émile Badiane de Ziguinchor a rappelé qu’il y a à côté, d’autres qui se donnent la mort parce qu’ils sont malades. Dans la catégorie des malades qui se suicident, le Dr Coundoul a révélé qu’il y a ceux qui souffrent de dépression, de psychose etc. Pour éviter d’arriver au suicide, il a appelé à la prévention en mettant le curseur sur le dépistage de tous les sujets susceptibles de passer à l’acte suicidaire, c’est-à-dire, les individus âgés et isolés, les adolescents qui vivent dans la précarité et la violence, les toxicomanes, les alcooliques, les sujets qui présentent des troubles de personnalité etc.