Le Venezuela veut que la Cour Pénale Internationale (CPI) juge les sanctions américaines qui lui ont été infligées depuis 2015 comme des “crimes contre l’humanité”. Le gouvernement de ce pays d’Amérique latine a introduit lundi 23 août devant l’instance internationale, un rapport détaillant les impacts négatifs des mesures coercitives unilatérales des Etats-Unis sur son économie.
« Avec ce rapport, nous montrons les dommages causés à la population en raison des crimes qui ont été commis par le gouvernement américain et ceux qui se sont joints à ce blocus criminel contre le Venezuela », a déclaré à ce propos la vice-présidente Delcy Rodríguez, lors d’une conférence de presse le mardi 24 août. «C’est un processus qui a commencé en février 2020, nous avons achevé ce cycle pour démontrer qu’il existe des motifs raisonnables d’affirmer que des crimes contre l’humanité ont été commis contre le peuple vénézuélien», a-t-elle poursuivi.
Les sanctions se sont notamment durcies en 2016 puis en 2017, après que les États-Unis ont dénoncé l’élection d’une assemblée constituante au Venezuela comme étant illégitime. Ces mesures économiques empêcheront par exemple les entités publiques vénézuéliennes d’accéder aux marchés financiers américains, comme le constate une note préliminaire de la Commission des droits de l’Homme de l’ONU. Des mesures ont également été prises pour empêcher Caracas de vendre son pétrole à l’international, une ressource qui est pourtant sa principale exportation du pays, et sa plus grosse source de revenus et de devises étrangères.
A contrepieds du gouvernement Maduro cependant, certains commentateurs contestent le lien entre les sanctions américaines et la difficile situation économique du pays. Selon l’analyste Moises Rendon, un analyste s’exprimant dans les colonnes du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), l’ampleur des dommages humanitaires subis avant les sanctions sectorielles de Washington indique que la faute ne peut être imputée aux sanctions elles-mêmes, mais au gouvernement vénézuélien.
Notons qu’en Afrique, neuf pays figurent sur la liste des sanctions du département américain du Trésor : le Burundi, le Congo, le Mali, la Libye, la Somalie, le Soudan du Sud, la République Centrafricaine et le Zimbabwe. Dans une interview accordée l’an dernier au média allemand Deutsche Welle, l’ancien ministre zimbabwéen des affaires étrangères, Sibusiso Moyo, qualifiait les sanctions américaines contre son pays d’«arme de destruction massive ».
Ayi Renaud Dossavi