Avec ses sites de rêve, comme le Delta du Saloum, le département de Foundiougne dispose d’un immense potentiel touristique. Malgré ses atouts, la pandémie de Covid-19 a évidemment porté un coup dur au secteur, qui souffrait déjà de problèmes structurels.
Bercée par la brise de Sangomar, le département de Foundiougne, situé en partie sur la façade maritime du Delta du Saloum, est un paradis touristique. Avec ses 17 îles, un paysage magnifique avec vue sur la mer, en plus des réceptifs hôteliers adéquats, c’est l’une des destinations touristiques les plus prisées du Sénégal, surtout en cette période de vacances. En atteste la commune de Toubacouta qui est reconnue comme abritant les plus belles baies de monde. Elle polarise la totalité des hôtels du département au nombre de 55 établissements contre 53 en 2019, soit 90 % des réceptifs de la région de Fatick ; ce qui représente un énorme poids économique. Selon Jean Pierre Ndecki, chef du service régional du tourisme de Fatick, le département de Foundiougne compte 09 hôtels, 17 auberges, 26 campements, 2 campements de chasse, soit 597 chambres d’une capacité de 1194 lits. Toutefois, Malgré ces potentialités, le département de Foundiougne est confronté à des difficultés liées à la baisse du flux de touriste. Les raisons sont nombreuses. Certains avancent le faible niveau de qualification du personnel qui s’explique en partie par l’absence d’une école formation, la faible capacité d’hébergement de la majorité des réceptifs (50 % ont une capacité d’hébergement de moins de 10 chambres), le manque de formation et de reconnaissance des guides touristiques, l’érosion côtière. La ville de Foundiougne et ses environs manquent d’eau potable. Autant de facteurs qui bloquent l’envol du tourisme au plan local.
A ces facteurs structurels, est venue s’ajouter la crise sanitaire de Covid-19, marquant un coup d’arrêt brutal pour le tourisme. Beaucoup d’établissements marchent au ralenti. « Le constat est le même partout au Sénégal, le flux de touristes a baissé même avant la pandémie de Covid-19 », note M. Ndecki. Si aucun établissement n’a officiellement fermé, ils sont tous en mode survie depuis bientôt deux ans. « Je suis propriétaire de réceptifs hôteliers et je peux vous dire que la situation est difficile. J’avais fermé mon hôtel durant 5 mois à cause de la Covid-19. J’ai redémarré mes activités au mois d’octobre pour les vendredi, samedi et dimanche, mais le taux de remplissage ne dépasse guère 5 %. Nous avons de nouvelles stratégies pour accueillir des clients, en cassant les prix, pour maintenir les emplois », explique Yaya Sané, président de l’antenne de Toubacouta du Syndicat d’initiative et de promotion touristique du Sine-Saloum. Il espérait profiter des vacances pour avoir plus de revenus, mais la troisième vague a anéanti ses espoirs.
Si Toubacouta résiste tant bien que mal, tel n’est pas le cas pour Foundiougne. Dans cette ville, le tourisme est à l’agonie. Au grand dam des propriétaires de campements à petites capacités. Ici, la rareté de la clientèle date avant la pandémie à coronavirus. La capitale départementale, en plus de la pandémie, du manque d’eau et de réceptifs, souffre de son enclavement. C’est du moins l’avis de Famara Diamé, président de l’antenne de Foundiougne du Syndicat d’initiative et de promotion touristique du Sine-Saloum. « Le problème majeur de Foundiougne reste l’absence d’hôtels. Est-ce que vous pouvez imaginer qu’une zone comme Foundiougne, chef de lieu de département avec une façade maritime aussi grande, ne dispose pas d’un hôtel digne de ce nom ? », s’interroge-t-il. Avant d’ajouter : « actuellement, à Foundiougne, il n’y a aucun réceptif capable de loger 50 personnes – le seul hôtel de la ville n’a pas officiellement fermé ses portes, ne reçoit plus de visiteurs – ni une salle de conférence digne de ce nom. Nous n’avons pas aussi un restaurant qui peut nourrir 30 personnes ». Pourtant, M. Diamé est convaincu que le tourisme peut être une locomotive de l’économie locale.
Toutefois, la fin des travaux de construction du pont de Foundiougne est le seul espoir pour remettre le tourisme sur les rails.
« Le Soleil »Marie Bernadette SENE (Correspondante)
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Les acteurs locaux invités à profiter des 50 milliards de FCfa
L’Etat a mis en place un fonds de 50 milliards de FCfa pour préparer la relance du secteur touristique. Jean Pierre Ndecki invite les hôteliers de Foundiougne à saisir cette opportunité. « Ce fond est un accompagnement qui va permettre aux établissements de se conformer aux normes requises. Si un propriétaire d’hôtel présente un dossier avec un bon business plan, il sera financé », explique-t-il. En plus, M. Ndecki rappelle que le gouvernement a fourni beaucoup d’efforts pour promouvoir la destination Sénégal. « Ces dernières années, on a constaté un réel effort pour faire connaitre les sites touristiques du pays », confie-t-il. Pour ce qui est du département de Foundiougne, la propreté des villes abritant les hôtels et la reconnaissance du Delta du Saloum comme label de l’une des plus belles baies au monde est « un atout important ». La construction du pont de Foundiougne est aussi une aubaine car il permettra le désenclavement de la zone ; ce qui ne manquera pas « d’impacter positivement le tourisme car Foundiougne sera désormais plus accessible ».