La crise économique renforcée par la pandémie de la Covid-19 a provoqué une pénurie des denrées de base et une inflation galopante.
Grèves, chômage et paupérisation : en Algérie, une situation sociale en ébullition s’ajoute désormais à une profonde crise économique provoquée par la chute des revenus pétroliers et aggravée par la pandémie de coronavirus. En bout de chaîne, les consommateurs doivent se serrer la ceinture comme rarement auparavant :
« Les pommes de terre étaient accessibles à tous et puis d’un coup, elles sont devenues très chères. Pourquoi ? Est-ce l’or ? Non ! Tout est devenu hors de prix : le poulet, la viande rouge, tout. Il n’y a que le pain dont le prix n’a pas augmenté », se lamente une cliente sur le marché.
Le constat est identique pour Mohamed, un retraité de 68 ans : « tout le monde se rejette la balle. Personne n’est concerné. On ne sait pas qui sont les gens qui sont derrière tout ça. Le noyau, ils n’arrivent pas à le trouver. Qui est-ce qui dirige les ficelles ? On ne sait pas, mais le dindon de la farce c’est nous, nous les consommateurs. »
A qui la faute ?
Les commerçants sont ciblés par les consommateurs mais ceux-ci rejettent la responsabilité sur les producteurs. C’est le cas de ce vendeur de fruits : » C’est la faute des agriculteurs, personne d’autre, c’est l’agriculteur qui fixe le prix initial. Nous prenons juste un pourcentage sur la marchandise, c’est tout. Personnellement, je touche 20 dinars ou 50 dinars suivant le produit. »
Face à cette inflation galopante , l’impuissance de l’état est montrée du doigt. « La situation économique s’aggrave jour après jour et entraîne la paupérisation de couches entières de la population, un chômage important et en bref tous les indicateurs économiques sont au rouge », souligne Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center.
Devant l’inflation du prix de la pomme de terre, vendue 100 dinars le kilo, les autorités ont dû déstocker d’importantes quantités de cette fécule de base, afin de permettre aux Algériens de s’approvisionner à moins de 50 dinars le kilo.
Interrogé par des médias locaux, l’économiste Boubekeur Salami rappelle que « des lois existent mais ne sont pas appliquées » et que « l’absence de contrôle et de mesures dissuasives à l’encontre des fraudeurs favorisent la spéculation ».
Aujourd’hui, nombre de familles en situation de précarité ne trouvent réconfort qu’auprès d’associations de bienfaisance.