Les Organisations non gouvernementales (ONG) agissent et interagissent dans notre pays. Leurs
objectifs sont-ils toujours nobles ? Pas forcément. D’où la nécessité de davantage contrôler leurs
actions.
Au sortir des émeutes des 2 et 3 mars derniers, un journal de la place avait fait état de la menace de retrait de l’agrément de l’ONG Open Society West Africa (Osiwa) sous prétexte qu’elle finançait les actions de mouvements comme Y’en a marre. lI serait reproché à Osiwa d’avoir fait transférer au moins 70 mille dollars américains (environ 45 millions de Cfa), à Y en marre, à travers TrustAfrica. L’ONG serait celle du milliardaire américain Georges Soros dont les interventions dans certains pays en crise comme la Guinée est un secret de polichinelle. Mais, Osiwa a démenti le journal et soutient qu’aucune menace ne pèse sur elle et l’ONG mène tranquillement ses actions au Sénégal.
Or, au moment où le Sénégal était dans une phase de reconstruction notamment de retrouvailles entre ses fils suite à la fracture sociale causée par des émeutes qui se sont soldées par la mort de plus d’une dizaine de personnes, une autre ONG américaine entre en jeu pour classer, dans un rapport, le pays parmi ceux où le recul démocratique est clair et net depuis au moins trois ans. Dans son dernier rapport 2019 intitulé « la démocratie en retraite », compilant les données recueillies dans 195 pays, l’Ong américaine Freedom House a exprimé ses inquiétudes concernant le recul démocratique dans le monde. De 78 points en 2016 puis 75 points en 2017, le Sénégal a encore perdu trois points cette année en obtenant 72 points dans ce dernier classement de l’Ong de défense des droits humains publié le 07 février dernier.
Et ce n’est pas tout. Les rapports d’Amnesty International sur le Sénégal notamment depuis 2018 avec les affaires Khalifa Sall et Karim Wade ne sont pas des plus reluisants. Le pays est souvent dépeint comme celui où la démocratie est en net recul et les libertés publiques et individuelles souvent violées. Le rapport de l’ONG souligne qu’un certain nombre de procès au Sénégal n’ont pas été équitables faisant planer de forts doutes sur l’indépendance de la justice sénégalaise. Bien sûr, le Sénégal est loin d’être le seul à être dans le collimateur des ONG américaines et internationales. Le Zimbabwe a aussi souvent subi l’influence négative de ces ONG. En juillet 2018 notamment, deux ONG américaines ont appelé les autorités zimbabwéennes à prendre des mesures pour assurer des élections libres et justes en juillet et rompre ainsi avec des années de pratiques électorales frauduleuses. Elles se sont mises au cœur du processus électoral pour en assurer le contrôle. Bien sûr, beaucoup d’autres ONG qui agissent dans nos pays et interagissent avec les autorités mais aussi directement avec les associations privées et les populations promeuvent souvent des contre valeurs notamment sur l’homosexualité.
Même si elles s’en défendent comme la polémique a pu être notée au Sénégal avec le licenciement d’un employé au niveau de l’ONG Oxfam, ce phénomène s’observe de plus en plus. Elles ne sont pas moins de 58 Organisations non gouvernementales à intervenir dans plusieurs domaines dans le pays pour ne pas dire dans tous les domaines dans la vie sociale, culturelle et économique. Leur intervention n’étant pas toujours positive parce qu’obéissant aux directives de leurs gouvernements et de lobbys, il est important, d’envisager de contrôler l’action de ces ONG. Sans verser dans la censure, il serait important que celles-ci, assez puissantes, puissent être soumis à un audit interne de conformité aux cahiers de charge et surtout d’utilité envers la population et de non-ingérence nocive dans les politiques publiques.
Nous partons du postulat que toute société a ses valeurs. Et les ONG, considérées comme un instrument très fort de la politique internationale des Etats ne doivent pas utiliser cette capacité économique et financière pour influencer des sociétés moins gâtées économiquement. Le Sénégal étant un pays de croyants à 99%, la pauvreté de la plus grande partie de la population ne doit pas pousser les autorités à fermer les yeux sur les agissements de certaines ONG dont l’objectif clair, est de créer les conditions d’une forme de mutation des sociétés afin de ressembler davantage à les leurs.
Cette forme d’assimilation est une nouvelle dimension du néocolonialisme. Malheureusement, elle guide l’appui au développement et conditionne l’octroi de fonds. Ce levier du dogme démocratique n’est qu’un prétexte pour imposer sa vision du monde à d’autres peuples qui croient le plus souvent à d’autres réalités. Il faut arrêter cela et faire le tri entre ceux qui veulent vraiment aider et ceux qui en profitent pour influencer, impressionner et transformer.