La perte de valeur ajoutée sur l’économie mondiale en 2020 est estimée à 2807,7 milliards $, selon des calculs de l’Agence Ecofin, sur la base des perspectives économiques du FMI ajustées à ce mois d’avril 2021. Si on attribue toute cette contreperformance à l’effet covid-19, il en ressort que son impact économique a été moins marqué que celui de la crise financière de 2008, qui avait fait perdre 3356,2 milliards $ à l’économie du monde.
Un autre indicateur qui ressort de ces données, ce sont les prévisions d’augmentation de produit intérieur brut. En 2021, le FMI s’attend désormais à un ajout supplémentaire de 9326,16 milliards $ sur l’économie mondiale. Si cette tendance se confirme ce sera un record de progression du PIB en valeur absolue depuis la crise de 2008. Le monde semble donc se remettre rapidement d’une situation dont l’onde de choc continue de se faire ressentir. La Chine, les Etats Unis et l’Inde seront les moteurs de cette croissance retrouvée, selon les estimations de l’institution de Bretton Woods.
Cette amélioration cache cependant une réelle fragilité dans le système économique international. Déjà dans un pays moteur de croissance mondiale comme les USA, la crise Covid s’est traduite par des performances records sur le marché boursier, tirés vers le haut par des valeurs technologiques, dont plusieurs ne versent même pas les dividendes et valent aujourd’hui plus de 50 fois leur revenu annuel, selon des données de Capital IQ
L’autre secteur financier à avoir tiré profit de la Covid-19 ce sont les grandes banques d’investissement. En plus de gagner davantage de frais et commissions sur les transactions des actions en bourse, elles ont aussi tiré profit d’une forte demande des ressources financières sur le marché international de la dette. Selon des données de l’Institute of International Finance, tous les pays ont collectivement emprunté 12 000 milliards $ en 2020. Mais pour soutenir leurs économies, ils ont dépensé collectivement 14 000 milliards $, selon le rapport de suivi des dépenses publiques publié par le FMI en janvier 2021.
Enfin, on note que la reprise est très inégalitaire à travers le monde. Les pays, notamment ceux d’Afrique subsaharienne, qui n’ont pas un accès privilégié aux marchés des capitaux, affichent de faibles performances. La crise Covid leur aura coûté 93 milliards $ en 2020 contre 56 milliards $ en 2009, et la reprise pour la région prévoit 196,3 milliards $ d’ajout au PIB en 2021, contre 206,3 milliards $ en 2010 au lendemain de la crise financière de 2008.
Une solution pour une gouvernance économique équitable face aux chocs mondiaux, et qui a été défendue par l’Agence Ecofin dès le début de la pandémie, serait que le Fonds Monétaire International agisse comme banquier central en dernier ressort. Le multilatéralisme qui le caractérise, malgré la domination du G20, lui donne l’opportunité de soutenir une reprise économique mondiale conforme aux exigences actuelles de développement durable. L’idée a fait face à des défis, mais commence à faire son chemin au sein de la communauté internationale.
Idriss Linge