En Asie, la Chine et Taïwan sont depuis quelques semaines dans un silencieux bras de fer politico-commercial, dont l’une des dernières conséquences est ce que l’on pourrait appeler « la guerre des ananas ».
En effet, en février dernier, Pékin a décidé d’interdire les importations d’ananas taïwanais sur son territoire, à partir du 1er Mars. Une interdiction soudaine jugée peu fair-play, et ne répondant pas aux normes des règles commerciales internationales, par Wang Mei-Hua, ministre taïwanaise des Affaires économiques.
Pour l’Île, cette interdiction est avant tout un acte politique, alors que la Chine affirme avoir pris cette décision pour des raisons de biosécurité (les douaniers chinois auraient trouvé des parasites dans les ananas, selon le média chinois Xinhua).
« Ce n’est pas la première fois que la Chine utilise les exportations agricoles vers d’autres pays comme des menaces politiques », a déclaré le Parti démocrate progressiste (DPP) au pouvoir sur l’Île, dans un communiqué rapporté par Reuters. On se rappelle, à cet égard, l’interdiction des importations de charbon et des homards australiens, l’an dernier. Pour le coup, si le gros des ananas taïwanais est consommé sur place, la Chine absorbe à elle seule plus de 90 % des exportations.
Les « Ananas de la Liberté »
Dans la foulée, les dirigeants de Taïwan ont poussé leurs citoyens à consommer davantage d’ananas, pour minimiser l’impact sur les agriculteurs coupés de leur importante clientèle chinoise.
Ainsi, en attendant de « réfléchir et discuter avec la Chine sur cette question », « nous allons essayer de nous diversifier et de vendre nos excellents produits sur d’autres marchés que la Chine », avait ajouté la ministre.
Pour Taïwan, la stratégie semble avoir été payante, parce que le Premier ministre Su Tseng-Chang a récemment déclaré que la demande intérieure d’ananas avait dépassé le total des exportations prévues cette année vers la Chine.
Alliés Occidentaux
Et comme on pouvait s’y attendre, les Américains n’ont pas manqué de sauter sur l’occasion, pour apporter un soutien à Taïwan, face à la Chine. C’est également le cas pour le Canada, quelque peu en froid avec la Chine.
A travers leurs instituts liés à Taïwan, les deux pays ont notamment fait la promotion de ces « ananas de la liberté », avec les hashtags #FreedomPineapples ou encore #pineapplesolidarity.
Ayi Renaud Dossavi