La prolongation de l’état de catastrophe sanitaire assorti de couvre-feu a un impact économique considérable sur la vie des femmes vendeuses de (pain) «fataya», «akara» et sandwiches. Certaines parmi elles ont préféré abandonner ; d’autres, étant des responsables de familles, n’ont pas le choix et continuent leurs activités pour ne pas rester sans rien faire. |
Selon certaines rencontrées, le prolongement du couvre-feu ne les arrange pas. Les clients ne viennent plus comme avant et le chiffre d’affaire n’est plus le même, il a trop baissé. Une jeune femme du nom de Fatou Diop, vendeuse de «fataya» à Liberté-6 explique : «je vends du «fataya» ici et ça marchait très bien. Après 17h, les clients faisaient la queue ici. Des fois, j’avais même des commandes et je m’en sortais bien. Je descendais avec 25.000 voir 35.000 F CFA par jour. Mais, actuellement, avec la pandémie du coronavirus, rien ne marche. Les gens ne viennent plus acheter comme avant. Et, vous savez, c’est très difficile ; avec la cherté du coût de la vie, je ne peux pas rester sans rien faire. Mais franchement, actuellement, on ne gagne rien. Imaginez-vous quelqu’un qui descendait avec 30.000 F CFA en poche par jour, avant, et maintenant qui n’arrive pas à avoir 5000 F CFA la soirée. Vous voyez combien c’est catastrophique. Mais on n’a pas le choix parce que je n’ai rien d’autre à faire», déclare Fatou Diop. Pareil pour cette femme trouvée presque seule à son point de vente. Du nom de Binetou Goudiaby, une femme vendeuse de petit-déjeuner et de «fataya» (le soir) à coté de l’école élémentaire Liberté 6-A, elle a préféré arrêter de vendre du «fataya» le soir parce qu’elle ne s’en sortait plus. «Avant, je faisais du petit-déjeuner, le matin ; et, le soir, je vendais du «fataya» et des beignets. Et ça marchait très bien. J’avais même recruté une jeune fille pour qu’elle m’aide parce que je ne pouvais plus vendre seul, les clients m’entouraient. Mais actuellement, compte tenu de la Covid-19 et du couvre-feu, je suis presqu’en faillite. Plus rien ne marche comme avant, franchement. J’ai finalement arrêté de vendre les «fataya» et beignets, le soir. Les clients ne viennent plus. Je prépare pour ensuite, le lendemain, donner ça aux enfants et aux talibés. Ce n’est plus la peine donc.» Binetou Goudiaby s’est reconvertie dans autre chose. «Maintenant, je me débrouille avec les moyens du bord. Je vends du «café Touba», du «kinkéliba» et de la tisane. La Covid-19 nous a vraiment impacté économiquement. Et c’est trop dur pour moi. Il y a trop de charges : la location et beaucoup d’autres choses. Nous sommes vraiment fatiguées», témoigne Binetou. Contrairement à Fatou et Binetou, cette femme du nom de Lalia, trouvée dans son kiosque à Liberté 6, près du terrain, vers 19h30 ne se plaint pas. De loin, en venant chez elle, on voit une longue file d’attente. Des clients, hommes, femmes et enfants, font la queue pour acheter du «fataya», «akara» ou sandwiches. En face d’eux, à l’intérieur du kiosque, il y a elle, la gérante, et deux autres filles qui l’assistent. Pour Laila, la Covid-19 et le couvre-feu (qui vient d’être prorogé) n’ont aucun impact négatif sur son travail. Son chiffre d’affaire reste le même. «Très sincèrement, de mon côté, tout marche bien, Dieu merci. Le couvre-feu n’a aucun impact négatif sur mes affaires. Peut-être que c’est parce que j’habite juste ici et les gens me connaissent. Vous l’avez vu, vous-mêmes, les gens sont là à partir de 18h-19h. Ils viennent presqu’en même temps, 2h avant le couvre-feu pourla plupart d’entre eux. Et je travaille comme avant, je n’ai rien diminué ni augmenté. Je vends des «fataya», «akara» et sandwiches et les clients viennent. Je garde toujours mon chiffre d’affaire, rien a changé, Dieu merci. Les clients viennent tôt, avant le couvre-feu, et moi, le plus souvent, je descends 5mn après le couvre-feu, vu que j’habite tout près», dit-elle. |