Après plusieurs semaines de travaux, le Comité consultatif pour la vaccination et les vaccins au Sénégal (Ccvs) a organisé hier un forum virtuel, en partenariat avec la Direction de la Prévention du ministère de la Santé et de l’action sociale. Le Pr Anta Tal Dia et son équipe sont revenus sur la préparation du Sénégal à l’introduction des vaccins, et également sur les caractéristiques des vaccins actuellement disponibles.
A l’heure où le Covid-19 fait des ravages dans le monde, n’épargnant pas le Sénégal, le vaccin semble être la seule alternative pour sauver la population mondiale. 462 (201 contacts et 261 communautaires) nouveaux cas ont été recensés hier vendredi, sur 2 688 tests effectués. 11 nouveaux décès ont également été dénombrés, portant le nombre total à 735 morts du Covid-19, sur 30 376 cas déclarés depuis le début de la pandémie au Sénégal. Mais comme l’a souligné Dr El Hadj Mamadou Ndiaye, directeur de la Prévention au ministère de la Santé et également spécialiste en Santé publique, il y a beaucoup d’appréhensions et d’inquiétudes à propos des vaccins, particulièrement au Sénégal.
Ce qui s’explique, selon lui, par les nombreuses théories autour de la maladie d’abord, et sur les vaccins également. Mais pour lui, la vaccination représente aujourd’hui une opportunité de réduction de la morbidité et de la mortalité liées au Covid-19 qui, aujourd’hui, pèse sur le système de santé, mais a aussi un impact socio-économique important. Suivant le directeur de la Prévention, l’objectif du Sénégal est de vacciner au moins 90% de la cible prioritaire (personnel de santé de première ligne, personnes âgées de 60 ans et plus, personnes porteuses de maladies chroniques), estimée à 3 430 920 personnes, d’ici fin 2021. La stratégie de vaccination du ministère de la Santé sera axée sur les stratégies classiques, à en croire Dr Mamadou Ndiaye, à savoir : une stratégie fixe, avancée et mobile avec une accélération dans le premier mois. Les sites de vaccination habituels que sont les centres et postes de santé, les hôpitaux et structures privées… seront utilisés.
La communication ne sera pas en reste, et une stratégie basée sur le plaidoyer, la formation-sensibilisation, la mobilisation sociale et la communication pour le changement de comportement, sera déployée. Un système de suivi-évaluation sera également mis en place, avec l’élaboration des outils de gestion/collecte des données et de saisie dans le système national de rapportage (DHIS2). Un accent particulier sera mis sur la pharmacovigilance.
« Il faut faire vite, parce que les vagues arrivent, les mutants aussi »
Dans la même veine, le Pr Tandakha Ndiaye Dièye, immunologue, estime que le vaccin anti-Covid-19 constitue un immense espoir pour l’humanité. Et pour lui, «il faut faire vite, parce que les vagues arrivent, les mutants aussi ». Il existe à environ 4 000 variants du Covid-19 dans le monde actuellement, et peu de données sont disponibles sur l’efficacité du vaccin contre ces variants.
Le Pr Dièye croit savoir que les craintes liées à la vaccination anti-Covid-19 sont liées à la rapidité avec laquelle ces vaccins ont été élaborés. Si pour les vaccins traditionnels, l’élaboration pouvait prendre 15 ans ou plus, entre les différentes phases devant mener à la production et à la distribution, le vaccin anti-Covid-19 a été réalisé en moins de deux ans. Et selon lui, c’est parce qu’il y a eu un chevauchement des phases, un séquençage rapide grâce à un partage de données par la Chine, ainsi que l’utilisation de plateformes innovantes. Il y a également eu des moyens financiers suffisants, et surtout une forte collaboration internationale pour la recherche et une approbation rapide en procédure d’urgence des institutions habilitées. Pr Tandakha Ndiaye Dièye indique qu’à l’heure actuelle, 81 vaccins sont en phase clinique, dont 20 en phase 3 (dernière phase avant la commercialisation). Le Ccvs s’est penché sur les vaccins BioNtech, Pfizer, Moderna, AstraZeneca, Spoutnik et SinoPharm.
Ce dernier vaccin pour lequel l’Etat du Sénégal aurait déjà débloqué plus de 2 milliards de FCfa pour en acquérir 200 000 doses, est dit efficace à 79,43%, avec une bonne neutralisation 14 jours après la seconde dose, et pas d’effets indésirables graves notés. Pour l’AstraZeneca dont le Sénégal pourrait également recevoir des doses dans le cadre du Covax, son efficacité est estimée entre 70 à 90%, avec une tolérance et une innocuité satisfaisante, quel que soit le groupe d’âge, et des effets secondaires peu graves. Mais jusqu’à présent, aucun essai vaccinal n’est en cours en Afrique de l’Ouest, et seuls six pays d’Afrique ont maintenant reçu des quantités relativement faibles de vaccins. Ce, au moment où plus de 119 millions de doses ont été administrées dans 67 pays.