Avec près de 200 000 cas et 30 000 morts par an en Afrique, l’Organisation mondiale de la santé rappelle qu’il n’existe pas de traitement spécifique pour la fièvre jaune. Le seul moyen de protection efficace reste le vaccin. Description de cette maladie virale infectieuse avec le Dr Laurence Legout médecin infectiologue à la Clinique des vergers, Meyrin, en Suisse.
SOMMAIRE
- Définition
- Causes
- Transmission
- Pays à risque
- Symptômes
- Durée d’incubation
- Risques et complications
- Taux de mortalité
- Quand consulter ?
- Diagnostic
- Traitement
- Vaccin
- Effets secondaires du vaccin
- Prix
Définition : qu’est-ce que la fièvre jaune ?
La fièvre jaune est une grave maladie infectieuse due à un flavivirus, responsable de vastes épidémies surtout en Afrique et de manière sporadique en Amérique du Sud. D’après certains documents historiques, elle sévissait déjà il y a 400 ans de cela.
Cette pathologie se rencontre dans les zones tropicales comme certaines régions d’Afrique centrale, l’Amazonie et en Amérique du Sud. La maladie peut être transmise via les singes ou par l’intermédiaire d’un moustique. La fièvre jaune provoque une importante fièvre d’apparition brutale et une congestion du visage. L’évolution est variable puisque soit la fièvre jaune disparaît en trois ou quatre jours, soit elle s’aggrave et entraîne un état de choc avec hypothermie, jaunisse, vomissements sanglants… Dans ce second cas, la fièvre jaune peut mener à la mort. Bien que l’on dispose d’un vaccin efficace depuis plus de 60 ans, la fièvre jaune continue de tuer et le nombre de personnes infectées (environ 200 000 personnes par année, dont 30 000 décès) ne cesse d’augmenter depuis une vingtaine d’années, ce qui fait de la fièvre jaune un grave problème de santé publique.
Causes
La maladie est due au virus de la fièvre jaune ou virus amaril, qui appartient au groupe des flavivirus. En Afrique, il existe deux types génétiques distincts en Afrique de l’ouest et Afrique de l’est. Depuis 1974, un seul virus sévit en Amérique du Sud et Centrale. Les moustiques sont les principaux porteurs de ce virus et transmettent la maladie du singe à l’homme et d’homme à homme.
Transmission
« Pour que la fièvre jaune se développe, il faut un virus, un réservoir de virus et un vecteur, lui-même ayant son propre cycle de développement. » explique le Dr Legout. Le virus responsable de la fièvre jaune appartient au genre Flavivirus. Ce virus est présent dans les régions tropicales d’Afrique, d’Amérique centrale et d’Amérique du sud. Un réservoir de virus qui peut être le singe notamment dans la jungle ou dans les zones de forets humides mais également l’humain notamment dans les zones urbaines. La transmission de ce virus se fait principalement par l’intermédiaire des moustiques femelles infectés des genres Aedes aegypti. Les moustiques du genre Haemogogus, que l’on trouve surtout dans la jungle, transmettent également cette maladie. Aedes Aegypti est aussi le vecteur principal de la dengue, de l’infection à virus Zika, du Chikungunya. C’est un moustique long de 5 mm environ, de couleur sombre avec des marques blanches bien visible sur les pattes, un dessin en forme de lyre sur le thorax. « Il n’est pas présent en France à la différence du moustique Tigre Aedes Albopictus avec lequel il peut être confondu (sa couleur est plus foncée, il existe une ligne blanche sur le thorax). » précise l’infectiologue. Le Cycle de développement du moustique comprend une phase aquatique avec un statut larvaire et nymphéale. Cette phase est conditionnée par les conditions climatiques favorables d’humidité, de température. Elle est suivie d’une phase aérienne ou le moustique devenu adulte s’accouple. Son cycle de développement est d’environ 7 à 12 jours selon les conditions climatiques. La durée de vie du moustique adulte est de 2 à 3 semaines. Ils vivent jusque 2500 m d’altitude. « Il n’y a pas de transmission interhumaine. Une seule piqûre de moustique peut suffire à transmettre la fièvre jaune. » insiste le Dr Legout.
Pays à risque
La fièvre jaune est présente – sur tout le territoire ou dans certaines régions – de 47 pays : 34 pays d’Afrique et 13 pays d’Amérique latine.
Symptômes
Passée la période d’incubation durant laquelle le virus reste silencieux, les premiers principaux symptômes sont la fièvre, des maux de tête, des douleurs musculaires, des nausées, des vomissements et une fatigue intense. La guérison survient alors dans les 3-4 jours sans séquelles. « Mais Cette guérison peut être trompeuse, car dans une petite proportion des cas, la fièvre intense réapparait au bout de quelques jours. » explique l’infectiologue. Cette deuxième phase, dite toxique peut provoquer d’autres symptômes : un ictère franc sous l’effet de l’accumulation de bilirubine (d’où le nom de fièvre jaune), des douleurs abdominales, des signes hémorragiques au niveau de la peau et des muqueuses, du système digestif, un état de choc important avec baisse de la pression artérielle, troubles de la conscience. »Ces troubles s’accompagnent perturbation du bilan hépatique, d’une insuffisance rénale majeure » précise le Dr Legout. Parmi eux, environ 50 à 70% décéderont dans les 7 à 10 jours. Les autres survivent sans séquelles organiques notables.
Durée d’incubation
Une fois qu’on est infecté par le virus de la fièvre jaune, la période d’incubation dans l’organisme est de 3 à 6 jours en moyenne.
Risques et complications de la fièvre jaune
Le principal risque est le décès de la personne infectée. Ce risque est surtout important lors des formes sévères.
Taux de mortalité
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que chaque année 84 000 à 170 000 personnes dans le monde souffrent de la fièvre jaune et que 29 000 à 60 000 en meurent. Le taux de mortalité des formes sévères va de 50 à 70%.
Quand consulter ?
Il n’y a pas de symptômes spécifiques. « Tout syndrome grippal et d’une manière générale toute fièvre doit faire consulter en urgence. » insiste l’infectiologue.
Diagnostic
Le diagnostic de la fièvre jaune est difficile car on peut confondre la fièvre jaune avec le paludisme grave, la leptospirose, l’hépatite virale (surtout les formes fulminantes), d’autres fièvres hémorragiques, d’autres maladies à flavivirus (comme la dengue hémorragique) ou une intoxication. »D’un point de vue biologique, on observe des anomalies des fonctions rénales et hépatiques, une leucopénie et dans les formes sévères, des troubles de la coagulation. » explique le Dr Legout. En tout début de maladie, la recherche de virus dans le sang ou le liquide céphalorachidien est possible par culture cellulaire ou RT-PCR. Le virus peut être également retrouvé dans les tissus. « La recherche d’anticorps n’est possible qu’après une 10aine de jours après le début des troubles et doit être répété une quinzaine de jours après. » ajoute la spécialiste.
Traitement pour soigner la fièvre jaune
Il n’existe pas de traitement antiviral efficace. Dans les formes graves, le traitement rapide des symptômes permet d’améliorer la survie du patient.
Vaccin
La vaccination contre la fièvre jaune représente la protection la plus efficace. Il s’agit d’un vaccin vivant atténué, exempté d’aluminium, visant à déclencher la réponse immunitaire sans provoquer la maladie. « La vaccination contre la fièvre jaune repose sur une dose de vaccin au moins 10 jours avant pour les adultes, les enfants et les nourrissons de plus de 9 mois. Les contre-indications sont la femme enceinte, les personnes immunodéprimées et les personnes allergiques à l’œuf.« La vaccination contre la fièvre jaune est recommandée dans certains pays, et même obligatoire pour séjourner ou transiter par la plupart des pays d’Afrique subsaharienne ainsi que dans ceux de l’Amérique latine touchant le bassin amazonien, dont le Panama. « Le simple fait qu’elle soit recommandée justifie la vaccination du voyageur. » insiste l’infectiologue. Le vaccin contre la fièvre jaune ne peut pas être effectué par le médecin de famille. En France, seuls les centres agréés par le Ministère de la Santé sont habilités à pratiquer cette vaccination (centre de vaccination internationale). Le médecin vérifie l’absence de contre-indication et reporte la preuve de la vaccination sur un carnet valide dans tous les pays (carnet jaune de vaccination internationale) que le voyageur devra présenter à l’arrivée dans le pays concernés par le risque. Lorsque le voyageur ne peut être vacciné, le médecin du centre établi un certificat de contre-indication en expliquant la raison (un dans le carnet, un 2ieme en français, en anglais et si possible dans la langue du pays visité). Les autorités sanitaires du pays visité peuvent néanmoins imposer un isolement de 5 à 7 jours à l’arrivée. Pendant longtemps la vaccination était recommandée tous les 10 ans. Suite à la suppression par l’OMS des rappels du vaccin contre la fièvre jaune tous les 10 ans, la validité du certificat de vaccination contre la fièvre est prolongée à vie depuis le 1er juillet 2016, mais dans certains cas il est nécessaire de revacciner.
Effets secondaires du vaccin
« Dans la grande majorité des cas, il ne se produit aucune réaction. Dans un quart des cas, plus particulièrement chez les personnes de plus de 60 ans, on peut voir apparaître dans les 10 jours qui suivent la vaccination un syndrome pseudogrippal, de la fièvre. Il peut également exister une réaction au point d’injection (rougeur, douleur, induration). » décrit l’infectiologue. Ces symptômes peuvent être soulagés avec la prise de paracétamol. Ces effets indésirables ne remettent pas en cause le principe de la vaccination.
Prix
Le prix du vaccin contre la fièvre jaune dépend des centres de vaccination et n’est pas remboursé par la sécurité sociale. La vaccination contre la fièvre jaune ne dispense pas des mesures de prévention personnelle anti-moustiques (répulsifs cutanés, vêtements et/ou moustiquaires imprégnés d’insecticide …) de même que des mesures de prévention collective (démoustication). « Ces mesures de protection contre les moustiques contribuent également à éviter d’autres maladies comme la dengue, le chikungunya, le paludisme, etc. » insiste le Dr Legout.
Merci au Dr Laurence Legout médecin infectiologue à la Clinique des vergers, Meyrin, en Suisse.