Les confessions sont émouvantes au centre de santé de gériatrie et de gérontologie de Ouakam. Les frais médicaux ont précité beaucoup de personnes âgées dans la précarité.
Le centre de gériatrie et de gérontologie de Ouakam ne désemplit pas ce 12 janvier 2021, dans la matinée. Les personnes âgées sont assises sur les bancs installés le long du couloir menant vers les urgences, la kinésithérapie et la rééducation. Elles s’impatientent comme ces femmes adossées au mur. Quelques-unes se lèvent de temps en temps pour s’étirer. L’attente est longue. Cette structure sanitaire est le point de convergence de beaucoup de personnes âgées souffrant de maladies chroniques. Cette longue attente est normale aux yeux de Ibrahima Cissé, âgé de plus 60 ans. Car depuis les indépendances, indique-t-il, le Sénégal n’a pas investi pour la santé des personnes âgées comme il l’a fait pour les couches les plus jeunes. « J’habite la Médina. Je suis obligé de prendre le taxi pour honorer mes rendez-vous médicaux, ce sont des dépenses supplémentaires pour moi. Mais d’autres viennent de quartiers plus éloignés. Ce centre est l’un des rares spécialisés en gériatrie », avance Ibrahima Cissé qui se fait l’avocat des sujets âgés trouvés, çà et là, dans l’établissement. M. Cissé ne crache pas sur le plan sésame. Mais il juge l’initiative insuffisante pour couvrir les besoins médicaux des personnes âgées atteintes de maladies chroniques. « Les médicaments, les examens de radiographie, les analyses sont à notre charge », énumère cet ancien travailleur du Port autonome de Dakar.
Vêtue en tenue traditionnelle, Bineta Diagne n’est pas satisfaite de la politique sanitaire réservée aux retraités et aux personnes âgées d’une manière générale. En plus de l’insuffisance des gériatres, des structures spécialisées, elle déplore l’insuffisance des mécanismes permettant à cette couche de la population de vivre dans la sérénité, après avoir servi la nation. « Imaginez ceux qui n’ont pas les moyens, ni de pension de retraite. Comment vivent-ils avec ces maladies ? », s’interroge-t-elle, proposant de « penser à une assurance santé pour les plus démunis ».
Le suivi médical affecté
Les témoignages se suivent et ne font susciter que compassion pour les personnes âgées. Certaines d’entre elles ne suivent pas à la lettre les conseils des agents de santé. Beaucoup d’entre elles n’ont pas les moyens pour supporter les frais médicaux. « Certaines ordonnances sont rangées dans les tiroirs. Nous les achetons lorsque nous avons les moyens », confie Rokhaya Diagne. D’ailleurs, le volume de prescription des ordonnances et des analyses inquiète Ndèye Coumba Cissé, domiciliée à l’Unité 7 des Parcelles assainies. Pour elle, c’est la précarité après la retraite qui tue plus que les maladies. « Dans les hôpitaux, les médecins ne font que prescrire des ordonnances. Le Plan sésame est inexistant dans certaines structures sanitaires. Ce sont ces charges qui précipitent les retraités à la précarité qui finit par les emporter », s’est-elle désolée. Pour réduire ces charges, certains ont proposé le renforcement des soins à domicile.