Sans possibilité de sortir ni de recevoir des visites depuis une semaine en raison d’un blocus de l’armée autour de sa résidence, le chef de file de l’opposition en Ouganda, Bobi Wine, a engagé via un groupe d’avocats, une série de procédures judiciaires contre les autorités de Kampala.
Soumis à un blocus de sa résidence depuis le vendredi 15 janvier 2021, le chef de file de l’opposition en Ouganda, Robert Kyagulanyi alias Bobi Wine, a décidé de contre-attaquer.
Par le biais de ses avocats, l’opposant a engagé des poursuites judiciaires contre le procureur général de la République, le chef des forces de défense et l’inspecteur général de la police de l’Ouganda. La Haute Cour de Kampala se prononcera sur l’affaire le lundi 25 janvier.
Une autre plainte pour détention arbitraire a été déposée auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU).
« L’avocat nigérian des droits humains, Femi Falana, a déposé cette plainte en mon nom auprès du Groupe de travail des Nations unies sur les arrestations arbitraires. Nous contestons mon emprisonnement illégal continu par la police et l’armée ougandaises », a tweeté mercredi, Bobi Wine.
Le lendemain des élections générales du 14 janvier en Ouganda, la résidence de Bobi Wine a été encerclée par l’armée. Depuis lors, l’opposant est soumis à une assignation à résidence de fait, sans possibilité de sortir et de recevoir de la visite.
« Sixième jour en résidence surveillée et nous sommes toujours coincés avec un bébé de 18 mois qui avait rendu visite à sa tante (ma femme) avant que nous ayons été attaqués et assiégés. Le papa s’est vu refuser le droit de le voir. Nous sommes à court de nourriture et de lait. Personne n’est autorisé à sortir ou à entrer dans notre concession », a tweeté mardi, la pop-star devenue politicien.
Ce même jour, l’ambassadrice américaine en Ouganda, Natalie Brown, arrivée jusqu’aux portes du domicile de Bobi Wine pour « vérifier la santé et la sécurité » de l’opposant, avait été refoulée par les éléments des forces de sécurité.
Un incident qui avait fortement déplu aux autorités ougandaises qui ont accusé la diplomate américaine, très critique envers le pouvoir de Kampala, de « malveillance » et « d’ingérence » dans les affaires intérieures du pays.
Mercredi 20 janvier, l’Union européenne (UE) a également exprimé son inquiétude face au harcèlement continu des acteurs politiques et de certaines sections de la société civile après les élections générales du 14 janvier.
Le 16 janvier, la Commission électorale a déclaré le président sortant, Yoweri Museveni (76 ans), vainqueur dès le premier tour, du scrutin présidentiel en Ouganda. Crédité de 58,64% des voix contre 34,83% pour son principal challenger, Bobi Wine (38 ans), il rempile pour un sixième mandat à la tête du pays qu’il dirige depuis 1986.
Des résultats que l’opposant a ouvertement rejetés, les qualifiant de « frauduleux ».
Borgia Kobri