Idrîs, paix sur lui, est d’après la version traditionnelle le prophète le plus ancien cité dans le Coran après Adam, paix sur lui. Suivant les historiens tels que Tabarî et Ibn Kathîr, la lignée de ce prophète est comme suit :
§ Idris fils Yared fils de Mahalalel[1] fils de Kenan fils d’Enosh fils de Seth fils d’Adam.
Son nom en arabe est construit sur le schème D-R-S qui signifie : étudier. Ce terme peut également signfier effacer les traces, tel le vent qui efface celles du sable mouvant. Ce noble prophète est souvent assimilé à Enoch, l’un des premiers patriarches cités dans la Bible[2]. Si tel était le cas, il est de ce fait l’arrière-grand-père de Nûh (Noé).
Dans le Coran, Idrîs est cité à deux reprises :
§ « Rappelle dans le Livre Idrîs, il était un homme de vérité et un prophète. Nous l’avons élevé à une haute station » (Marie, 56-57).
§ « Ismâ’îl, Idrîs ainsi que Dhû al-Kifl, tous font partie des patients. Nous les avons introduits dans Notre miséricorde, ils font partie des pieux » (Les Prophètes, 85-86).
Le Coran inscrit donc Idrîs dans le cercle restreint et très privilégié des prophètes. Par conséquent, il fait partie des personnalités que tout musulman doit considérer comme tel. Ainsi, le Coran bien qu’il ne consacre que deux brefs passages à Idrîs, il l’intègre aux catégories des véridiques, des prophètes, des patients et des pieux. De plus, Dieu lui réserve une place de haute valeur.
D’après les différents récits, Idrîs serait né à Babylone ou en Palestine, voire en Égypte. Il aurait vécu durant la dernière partie de la vie d’Adam. Par la suite, il devint à l’âge adulte prophète. Idrîs est considéré aussi comme le premier messager. Il se chargea alors de guider les premières générations des humains à partir des Écritures qu’il reçut[3]. Il consacra sa vie à prêcher la parole de Dieu et à établir l’ordre dans sa communauté.
Les historiens rapportent qu’Idrîs est aussi l’un des premiers à avoir mis en place une architecture urbaine. Il planifia des villes et promulgua des lois. Il prescrit à son peuple la purification, la prière et l’aumône légale. De même, il leur proscrit la consommation du vin. Par ailleurs, Idrîs était polyglotte.
De la racine de son nom, les historiens ont déduit qu’il aurait inventé l’écriture[4] et découvert l’astronomie. On lui attribue également d’être à l’origine de la couture[5] et d’avoir forgé les premières armes.
L’historien Al-Qiftî[6] lui attribue ces maximes :
§ La patience avec la foi conduit à la victoire
§ Éloignez-vous des gains crapuleux
§ Ne prêtez jamais serment devant Dieu sur des mensonges
§ La vraie vie réside dans la sagesse
Idrîs est décrit comme une personne mâte de peau, mince et grande de taille. Il avait des épaules larges et une barbe très dense. Il observait beaucoup le silence et parlait doucement. Il était aussi très pensif et quand il marchait, il regardait par terre.
Dans son ouvrage Tashnîf al-Massamî’[7], Az-Zarkashî relate cette histoire : Idrîs avait l’habitude de coudre et à chaque entrée et sortie de l’aiguille, il faisait des louanges à Dieu. Tandis qu’il était profondément occupé par son travail, le démon (Iblîs) lui rendit visite. Il lui dit : « Dieu peut-il mettre le monde sur cette pellicule de blé ? ». Idrîs répondit : « Évidemment, Il peut même le placer dans le chat de cette aiguille ». Le démon se rapprocha pour voir et Idrîs lui perça un œil et le rendit borgne.
Après avoir vécu de longues années dans l’adoration de Dieu, il rendit l’âme à son Créateur. D’après le récit du voyage nocturne, le Prophète, paix sur lui, le rencontra au quatrième ciel[8]. Certains savants pensent qu’il y réside toujours et le verset 57 de sourate Marie fairait référence à cela.
Ibn ‘Abbâs questionna Ka’b[9] concernant la haute place réservée à Idrîs cité dans le verset précité. Ka’b lui répondit ceci : un jour Idrîs demanda à un ange de le porter sur ses ailes afin de rencontrer l’ange de la mort et lui demander de prolonger sa vie afin de multiplier ses bonnes actions. Quand ils parvinrent au quatrième ciel, ils croisèrent l’ange de la mort tout surpris de voir Idrîs à ce niveau. Il informa alors ce noble prophète que Dieu lui avait ordonné de reprendre son âme au quatrième ciel[10].
D’autres savants pensent que cette place élevée accordée à Idrîs fait plutôt référence à son haut statut auprès de Dieu. D’après eux, il vécut comme tous les humains sur terre où il rendit l’âme. Ils s’appuient sur le verset : « C’est de la terre que Nous vous avons créés, c’est vers elle que Nous vous retournerons puis c’est de celle-ci que Nous vous redonnerons la vie une nouvelle fois » (Tâ-hâ, 55).