La pression et les exigences d’exploits ne sont-elle pas souvent trop fortes sur les frêles épaules des élèves dits Cracks, pouvant les conduire parfois à des attitudes extrêmes ? Ou juste à avoir parfois l’envie d’échapper à tout cela ? Tentative de réponses avec les psychologues Khalifa Ababacar Diagne et Aïda Sylla.
Lorsqu’un élève est exposé dans les médias à cause de ses performances, le psychologue Dr Aïda Sylla constate que beaucoup de personnes ont tendance à se projeter en lui. Parfois, poursuit-elle, des personnes qui n’ont pas réussi leur vie se mettent à leur prodiguer des conseils pour disent-ils, leur éviter les pièges dans lesquels ils sont eux-mêmes tombés. Dans ce cas, elle voit que leur comportement le plus normal peut souvent être déformé, amplifié au point que l’on peut penser qu’ils sont anormaux alors qu’il n’en est rien. «Ils veulent juste parfois être eux-mêmes, faire ce qu’ils pensent bien pour eux. Ceci, la population a du mal à le comprendre, à l’accepter car chacun pense à un destin exceptionnel pour ces sujets. Ce sont des adultes en construction et ceci, il ne faut pas l’oublier. Les laisser se tromper, douter, pour mieux se construire sur tous les plans», a analysé Dr Sylla.
Pour Dr Khalifa Ababacar Diagne, lorsqu’un élève est jugé excellent, il est compréhensible qu’il soit attendu de lui qu’il le demeure. «C’est le souhait à la fois de ses parents et de ses enseignants.
Même si cette attente est socialement légitime, ces derniers peuvent s’y prendre de façon maladroite en exerçant une pression négative sur l’élève. Or, le jeune élève n’est pas un robot ni un ordinateur programmé uniquement pour donner les résultats attendus. Il est plutôt un être humain susceptible de rencontrer des problèmes à un moment donné de sa vie», explique Dr Diagne. Pour lui, cet élève a besoin d’être compris, accompagné et aidé dans les mauvaises périodes. «Ces moments de contreperformances doivent être bien gérés.
Une pression démesurée peut conduire l’élève dit «Crack» à la révolte, au surmenage ou à la dépression. Dans son traitement, la dimension humaine ne doit jamais être oubliée.», ajoute-t-il. Pour Khalifa Ababacar Diagne, il y a lieu de relativiser l’appellation abusive de «Crack» à des élèves qui n’ont jamais été soumis à des tests au plan psychologique, notamment sur la base de l’échelle de Wechsler, pour avoir une idée exacte sur leur Quotient intellectuel (Qi).
Sans test de psychométrie, sans évaluation psychologique, il pense qu’on ne peut pas parler scientifiquement de «Crack». «Toutefois, on peut donner, comme c’est le cas dans le système éducatif sénégalais, à l’élève, selon ses résultats, des mentions qui sont souvent comprises entre la médiocrité et l’excellence», a-t-il conclu.