Les maladies hémorroïdaires avec des saignements peuvent entraîner une insuffisance cardiaque. La corrélation a été faite par le docteur Ahmadou Gaye qui travaille à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, dans la banlieue dakaroise. Le praticien a apporté plusieurs éclaircissements sur ces affections bénignes associées à plusieurs idées reçues dans la société africaine.
Il y a une tendance, dans le langage courant, à confondre l’hémorroïde à une maladie. C’est pour cela que le docteur Ahmadou Gaye, médecin-interniste, qui officie à l’Hôpital Dalal Jamm, a tenu à faire une précision. Les hémorroïdes, a-t-il rappelé, sont des vaisseaux sanguins localisés dans la zone de l’anus, notamment l’artère hémorroïde ou veine hémorroïdaire.
Elles sont présentes depuis la vie embryonnaire de l’individu. Après ces éclaircissements, il a procédé à la classification des hémorroïdes. « Il y a des hémorroïdes qui sont situées dans le canal anal, un peu plus haut, ce sont les hémorroïdes internes. Il y a parfois des hémorroïdes dans la marge anale. Ces vaisseaux hémorroïdaires, quand il y a un phénomène qui empêche leur maintien dans leur position anatomique, leur position physiologique, peuvent se retrouver à l’extérieur », explique le médecin. Tant qu’elles conservent leur physionomie, l’homme ne ressent pas de douleur. C’est lorsqu’elles augmentent de volume que la personne souffre de douleurs bénignes. « Lorsque les veines augmentent de volume, les hémorroïdes deviennent douloureuses. C’est en ce moment qu’elles sont à l’origine d’écoulement de sang (hémorragie), on parle alors de maladies hémorroïdaires. Le terme hémorroïde est inapproprié. On devait plutôt parler de maladies hémorroïdaires », a précisé le praticien.
Les maladies hémorroïdaires sont très fréquentes de nos jours, chez des tailleurs, des couturiers ou des acteurs d’autres secteurs de la vie active qui passent une bonne partie de leur temps assis. « Le facteur favorisant le plus connu est la station assise. La grossesse est également un facteur favorisant », a énuméré le docteur Ahmadou Gaye de l’Hôpital Dalal Jamm.
Des causes insoupçonnées
L’obésité, les poussées répétées pendant la défécation, la constipation sont d’autres facteurs favorisant des maladies hémorroïdaires. « Lorsque les hémorroïdes sont douloureuses et saignent abondamment au point que le malade n’a pas assez de sang, cela peut entraîner une hémorragie et une complication jusqu’à atteindre le cœur et le rendre défaillant avec des risques de développer une défaillance cardiaque. Le cœur a besoin de sang et s’il n’en a pas, cela accélère le rythme cardiaque », a détaillé le médecin interniste.
L’insuffisance de sang oblige le cœur à faire plus d’efforts, cet exercice physique finit par l’user et par le faire lâcher, avec comme conséquence : une insuffisance cardiaque. « Imaginez qu’on passe des hémorroïdes à l’insuffisance cardiaque. La douleur est aussi un facteur aggravant. Mais, ce n’est pas n’importe quelle maladie hémorroïdaire qui entraîne une douleur. Elle résulte surtout de la thrombose hémorroïdaire, lorsque les petits vaisseaux sanguins, au-dessus de la paroi vasculaire, sont bouchés par des caillots sanguins. Il se développe une inflammation sanguine et le malade a intensément mal », a précisé le spécialiste.
Aucun rapport avec les dysfonctionnements érectiles
Contrairement aux idées répandues, les maladies hémorroïdaires n’ont rien à voir avec un dysfonctionnement sexuel ou érectile. « J’entends des gens dire, à travers les médias, que les maladies hémorroïdaires peuvent être source de dysfonctionnements érectiles. Je ne l’ai appris nulle part. Au contraire, concernant les quelques malades que nous recevons et qui sont atteints de maladies hémorroïdaires et qui présentent des troubles érectiles, c’est surtout par effet retour », a indiqué le médecin qui a consulté des hommes qui ont des dysfonctionnements érectiles et qui croient que les maladies hémorroïdaires sont à l’origine des anomalies de leur appareil génital.
Abdou DIOP
La chirurgie, le traitement de choc
Les maladies hémorroïdaires sont classées en catégories 1, 2, 3 et 4. Pour les trois premières catégories, le médecin administre un traitement médicamenteux avec des mesures d’hygiène et une recommandation au respect des mesures diététiques. En cas d’échec, même si la maladie n’a pas atteint le stade 4, la chirurgie peut être préconisée. « Aujourd’hui, il y a d’autres méthodes instrumentales pour traiter ces maladies. Il y a les méthodes par photo coagulation. Selon la performance du système de santé dans lequel on se trouve, il est possible de traiter, par ligature élastique, une technique dont nous disposons ici à l’hôpital Dallal Jàmm. Il y a d’autres méthodes qui permettent d’injecter des produits sclérosants. La quinine est un exemple de produits sclérosants », a indiqué le docteur Hamadou Gaye.