Arrêtés pour détention illégale de billets noirs en Euro, d’une valeur estimée à 40 millions FCfa, le prêcheur, M. Sall, le commerçant, M. Sylla et l’ancien banquier, C. O. Faye ont été déférés hier vendredi, au parquet de Dakar. L’Obs revient sur les déballages et le jeu de ping-pong des mis en cause à l’enquête préliminaire.
Les trois personnes arrêtées le 6 janvier dernier, par la Police de Rebeuss pour une l’histoire de faux billets de banque d’une valeur de 40 millions FCfa, ont fait des révélations fracassantes à l’enquête préliminaire.
Le prêcheur, M. Sall, le commerçant, M. Sylla et l’ancien banquier, C. O. Faye sont revenus en détails sur leur modus-operandi, avant leur déferrement au parquet du tribunal de Dakar. Les déclarations des mis en cause ont permis aux enquêteurs de situer la responsabilité des uns et des autres dans cette histoire de faux monnayage.
Un dossier désormais sur la table du Procureur de la République près le tribunal de grande instance de Dakar, qui va apprécier de la suite à donner à l’affaire. M. Sylla, C. O. Faye et M. Sall qui ont bénéficié d’un retour de parquet devront à nouveau être présentés ce matin devant le magistrat du parquet qui décidera de leur sort. Ils ont laissé à la police des déclarations ahurissantes. Face aux enquêteurs de Rebeuss, les mis en cause s’accusaient mutuellement, chacun cherchant à se disculper.
C’est dans cet ordre que M. Sylla (30 ans), commerçant officiant au marché Sandaga, va charger l’un de ses présumés acolytes, le prêcheur M. Sall. Aux enquêteurs du commissariat de Rebeuss, M. Sylla, polygame et père de 4 enfants, va présenter le prêcheur, M. Sall comme étant le fils de son guide spirituel établi dans la contrée du Saloum. Poursuivant, Sylla dira que c’est Sall qui l’a présenté à l’ancien banquier, C. O. Faye.
Puis, précise-t-il, Faye l’a contacté quelques jours après pour lui présenter son projet de faux monnayage. C’était en présence d’un certain B. Ndiaye, assure-t-il. Au cours de cet entretien, il indique que Faye lui a demandé d’adhérer à leur projet qui devrait leur rapporter gros.
Selon M. Sylla, il a d’abord décliné l’offre avant d’être persuadé par M. Sall, qui est le fils de son marabout. Ayant accepté le principe, Sylla indique que Sall lui a ensuite demandé de se charger de l’écoulement dans le marché noir, de ces faux billets de banque. Lui faisant entièrement confiance, Sylla dit avoir accepté, surtout qu’au finish, il pouvait récolter la somme de 8 millions FCfa.
Des allégations contestées par M. Sall. 40 ans, marié à 4 épouses et père de 10 enfants, le prêcheur a nié ces accusations. Cependant, il a reconnu avoir mis en rapport avec M. Sylla et C. O. Faye, lequel l’a ensuite présenté B. Ndiaye qui souhaitait bénéficier de prières pour fructifier ses activités. Le marabout prêcheur dira être étranger à ce trafic de faux billets de banque. A l’en croire, le commerçant, M. Sylla cherche à l’enfoncer en le présentant comme son intermédiaire. Sa version sera battue en brèche par l’ancien cadre de la Banque mondiale, C. O. Faye, 73 ans, marié et père de 10 enfants. S’il n’a pas nié son implication dans cette affaire, Faye avoue n’avoir joué que le rôle d’intermédiaire entre M. Sylla, M. Sall et B. Ndiaye (en cavale), un «homme d’affaires» qui trempe dans le blanchiment de capitaux et la confection de faux billets de banque. Ce n’est pas tout.
Il a indiqué que M. Sall a convaincu le commerçant Sylla d’investir dans cette affaire. Celui-ci a ensuite misé 5 millions FCfa dans ce deal. Au cours de leur confrontation, M. Sylla et C. O. Faye ont confirmé leurs aveux. Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs, tentative de faux, usage de faux, détention illégale de coupures de billets de coupures de billets noirs et tentative de mise en circulation de ces faux billets de banque en coupures d’euros