Au IVe siècle pendant le célèbre concile de Nicée, il fut canonisé mais bien vite oublié, faute de sources plus nourries. Sa destinée, inséparable de celle de Constantin, premier souverain romain à tolérer puis à épouser la foi chrétienne, fut éclipsée par la notoriété de l’empereur.
Que fête-t-on le 31 au soir? La fin d’une année de labeur et le début d’une année de bonheur, hasardera-t-on. Ou la bonne occasion de nocer et de faire la bringue jusqu’au bout de la nuit. Saint Sylvestre, 33e pape de l’Église catholique, pourrait être le saint patron des fêtards. Mais parce qu’il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu, qui était Saint Sylvestre?
Selon la tradition catholique, le romain Sylvestre brille d’abord en protégeant un certain Timothée, un ardent défenseur de la foi chrétienne qui meurt martyr. Alors que le préfet romain menace Sylvestre, à son tour, pour avoir caché la dépouille de Timothée, il lui aurait répondu: «Insensé, c’est toi-même qui, cette nuit, vas rendre compte à Dieu». Le dignitaire romain, frappé du courroux céleste, serait mort dans la nuit, étouffé par une arête de poisson. Un soir de réveillon? Le canon ne le dit pas.
Sylvestre est ordonné prêtre par le pape Saint Marcellin. Là encore, sans doute connaît-on plus le petit fromage du Dauphiné que le souverain pontife. En 314, il devient le 33e pape de l’Église. À cette époque, règne Constantin. La célèbre Légende dorée de Jacques de Voragine, une vie des saints écrite au XIIIe siècle, lui fait l’éloge d’avoir converti l’empereur au christianisme en le guérissant de la lèpre par le baptême. Selon certains historiens, le souverain aurait bien plutôt épousé la foi chrétienne pour des raisons politiques, sensible au succès grandissant du christianisme. Le dominicain Jacques de Voragine raconte aussi que Sylvestre aurait aussi dompté un dragon en lui soufflant à l’oreille «les paroles du Saint-Esprit». Il meurt le 31 décembre 335.
Le pape du concile de Nicée
Sylvestre Ier tient les rênes de l’Église au moment d’une époque charnière du christianisme. En 313, Constantin Ier avait promulgué l’édit de Milan qui tolérait le christianisme. Sous le pontificat de Sylvestre se tient le concile de Nicée, qui réunit à la demande de l’empereur, en 325, les évêques d’Orient et d’Occident. Les canons qui y sont adoptés décrètent notamment que l’arianisme est une hérésie. La doctrine établissait que le Christ, puisqu’il était créé après le Père, ne pouvait avoir une nature similaire à celui-ci. Et lui était donc inférieur.
Pontife effacé ou fatigué, Sylvestre laisse le soin à Constantin de se rendre au concile à sa place et d’affermir le canon chrétien. C’est également l’empereur qui entreprend la construction du Saint-Sépulcre de Jérusalem, un vaste complexe bâti sur le lieu présumé du tombeau d’où le Christ aurait ressuscité, d’après les Évangiles.
Les éloges, justifiés ou non, réservés par les traditions chrétiennes à Constantin auront sans doute obscurci la figure de Saint Sylvestre. La fête du Nouvel an viendra mettre en lumière son nom des siècles plus tard, quand Charles IX, établit en 1564 le 1er janvier comme premier jour de la nouvelle année.