Alors que plusieurs pays ont déjà entamé des campagnes de vaccination contre le coronavirus, des fausses informations circulent sur les réseaux sociaux : des internautes s’inquiètent de potentiels effets secondaires ou accusent les médias de mentir au sujet des personnes vaccinées. La rédaction des Observateurs de France 24 décrypte trois de ces rumeurs. La troisième rumeur concerne les quatre cas de paralysie faciale détectés lors des phases d’essais cliniques du vaccin Pfizer-BioNTech.
Mardi 8 décembre, le Royaume-Uni a commencé à déployer le vaccin contre le Covid-19 mis au point par le laboratoire américain Pfizer et son partenaire allemand BioNTech. Il a été suivi par les États-Unis et le Canada le 14 décembre. Le Bahreïn et le Mexique ont eux aussi autorisé le vaccin Pfizer-BioNTech.
L’Agence européenne des médicaments a annoncé qu’elle se réunirait le 21 décembre, afin de rendre un avis sur le vaccin Pfizer-BioNTech. Les premiers Européens pourraient ainsi être « vaccinés avant la fin 2020 » selon la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.
Ces campagnes de vaccination alimentent déjà des rumeurs sur les réseaux sociaux.
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1 – Un homme s’évanouit après avoir reçu le vaccin contre le Covid-19 ?
2 – Cette femme a-t-elle été vaccinée deux fois contre le Covid-19 ?
3 – Quatre cas de paralysie faciale de Bell ? Attention, informations mélangées
Sur Facebook, plusieurs internautes ont relayé une information contenue dans un document, daté du 10 décembre, de l’Agence américaine des médicaments (FDA) à propos du vaccin. Il y est indiqué que quatre des participants aux tests du vaccin Pfizer-BioNTech contre le coronavirus ont développé une forme de paralysie faciale temporaire, appelée paralysie de Bell. Cette pathologie se caractérise par une atteinte du nerf facial qui entraîne la paralysie du visage et peut être provoquée par un traumatisme, mais surtout par des bactéries, virus ou maladies.
Dans la majorité des cas, la paralysie disparaît au bout de quelques semaines ou quelques mois. Selon l’Institut national des troubles neurologiques et des accidents vasculaires cérébraux aux États-Unis, le trouble peut toucher tous les âges, et les facteurs de risque comprennent les grossesses, l’obésité, l’hypertension, le diabète et les affections des voies respiratoires supérieures.
Sur les réseaux sociaux, des publications relaient une capture d’écran du document de la FDA et une photo montrant trois personnes vraisemblablement atteintes de la paralysie de Bell.
Or, grâce à une recherche inversée (voir ici comment procéder), il est possible de retrouver la photo des trois personnes paralysées au moins à deux endroits. D’abord sur le site de British Medical Journal (BMJ), dans une page dédiée à la paralysie de Bell – dont la dernière mise à jour date de novembre 2019. On en retrouve une autre trace dans une vidéo publiée le 23 janvier 2020 sur une chaîne YouTube indonésienne. La photo était donc déjà en ligne avant la publication du rapport de la FDA le 10 décembre.
Les publications contiennent toutefois une information véridique : dans le document de la FDA, qui analyse les résultats récoltés par les laboratoires Pfizer-BioNTech lors des phases d’essais cliniques, il est bien indiqué que quatre des 22 000 personnes vaccinées avec le vaccin contre le Covid-19 ont développé une paralysie de Bell. Aucun cas de paralysie n’a été enregistré parmi le groupe placebo — le groupe de volontaires à qui on n’administre pas le vaccin mais un produit neutre pour pouvoir établir des comparaisons. La FDA recommande donc de « surveiller » l’apparition de cette pathologie dans le cadre du déploiement du vaccin à plus grande échelle.
Mais il n’est pas certain que ce soit un effet secondaire du vaccin et l’agence américaine se veut pour le moment rassurante. Elle souligne que la base de données révèle bien un « déséquilibre des cas de paralysie de Bell (quatre dans le groupe vaccin et aucun dans le groupe placebo) », mais elle estime que « la relation de cause à effet n’est pas établie en raison d’un faible nombre de cas et d’une fréquence similaire à celle observée dans la population en général ».
Conclusion : quatre cas de paralysie avérés sur 22 000 patients
En conclusion, il est vrai que quatre des 22 0000 personnes qui ont reçu le vaccin ont développé une paralysie de Bell. Mais pour l’heure, les données recueillies par la FDA ne permettent pas d’établir un lien entre le vaccin et l’apparition de cette pathologie.
Des internautes se sont également inquiétés du fait que six personnes soient mortes après les essais du vaccin Pfizer-BioNTech. C’est exact, mais il ne s’agit pas d’une conséquence de leur vaccination : dans le document de la FDA, il est indiqué que sur les six décès, quatre ont été enregistrés parmi les volontaires ayant reçu le placebo, et non le vaccin. Il serait donc trompeur d’associer leur décès aux tests.
Que sait-on des effets secondaires ?
Selon l’Agence américaine des médicaments dans son document du 10 décembre, les principaux effets secondaires pour de nombreux patients sont de la fatigue, des maux de tête, des frissons, des courbatures et de la fièvre. Il y a également huit cas d’appendicites chez les vaccinés, contre quatre dans le groupe placebo. La FDA assure cependant qu’il s’agit d’un hasard statistique, sans lien avec le vaccin.
Au lendemain du début de la campagne de vaccination avec le vaccin Pfizer-BioNTech au Royaume-Uni, les autorités britanniques ont annoncé que deux personnes avaient mal réagi à l’injection et avaient été sujettes à d’importantes allergies.
L’agence britannique du médicament, la MHRA, a émis une recommandation afin de ne pas vacciner les personnes ayant « un historique de réaction allergique importante à des vaccins, des médicaments ou de la nourriture (comme des réactions anaphylactiques ou ceux à qui il a été conseillé de porter un injecteur d’adrénaline) ». Les scientifiques rappellent toutefois que ce phénomène existe pour tous les vaccins, et qu’il est rare.