L’Observatoire africain des migrations (OAM), plateforme d’étude lancée par l’Union africaine (UA) pour développer une meilleure gouvernance migratoire sur le continent, a été inauguré à Rabat vendredi, journée internationale des migrants.
« Aujourd’hui l’Afrique aura ses propres données (…), cela va nous permettre de démentir plusieurs légendes sur la migration », a déclaré le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, lors de la cérémonie en présence de la Commissaire aux affaires sociales de l’UA, Amira El Fadil.
Cet observatoire aura pour mission de collecter, d’analyser et d’échanger des données à travers « un système interconnecté » associant les pays africains pour améliorer des politiques migratoires « souvent inefficaces en raison du manque de ces données », selon le dossier de présentation.
L’objectif est de « générer des données équilibrées et adaptées aux besoins de l’Afrique en matière de migration », a pour sa part souligné Amira El Fadil.
C’est « un message fort à la communauté internationale, sur la détermination du Maroc et de l’Afrique à assoir une meilleure gouvernance migratoire à l’échelle du continent », a dit M. Bourita.
L’OAM jouera ainsi un rôle de « démystification » des problématiques migratoires, a-t-il dit en déplorant que ce sujet soit devenu « une formule politique ».
La migration en Afrique est essentiellement intra-africaine: 80% des migrants venant de pays d’Afrique restent sur le continent et seulement 12% parviennent en Europe, les autres partant ailleurs, selon des chiffres diffusés en 2018 à Rabat.
L’Afrique du Sud arrive en tête des destinations intra-africaines avec 3,1 millions d’arrivées, suivie de la Côte d’Ivoire (2,1 millions) et du Nigeria (1,9 millions).
Le lancement de l’OAM avait été annoncé en décembre 2018 à Marrakech, en marge de l’adoption du Pacte mondial de l’ONU pour des migrations.
L’UA prévoit d’ouvrir deux autres instances dédiées aux migrations, un centre d’études et de recherches à Bamako et un centre opérationnel à Khartoum, selon Mme El Fadil.
La régulation des flux migratoires, et notamment ceux en provenance du continent africain, est devenue une préoccupation majeure de l’Union européenne après l’afflux de plus d’un million de migrants en 2015.
Le durcissement des contrôles aux frontières de l’UE a depuis entraîné une forte baisse des entrées irrégulières (-92% en 2019 par rapport au pic de 2015 et -14% sur les huit premiers mois de 2020, comparé à la même période en 2019), selon l’agence européenne Frontex.