Décédé mercredi 2 décembre, à l’âge de 94 ans, Valéry Giscard d’Estaing s’est beaucoup impliqué dans les relations franco-africaines, contrairement à sa promesse, à son accession au pouvoir en 1974, d’observer une nouvelle approche, par rapport à la politique française en Afrique. L’affaire des «diamants» de Bokassa et les soupçons de conflits d’intérêt en faveur de sa famille sur le nucléaire sud-africain, pendant l’apartheid, ont marqué ses rapports avec le continent africain.
Valéry Giscard d’Estaing (VGE) s’est beaucoup impliqué en Afrique au cours son septennat (1974 -1981). De cette implication jugée «paternaliste» par certains observateurs l’affaire des «diamants», cadeau de l’empereur de Centrafrique Bokassa, au président français aura le plus retenu l’attention. Ce qui a, en partie, contribué à la défaite de VGE face à François Mitterrand, à la présidentielle de 1981.
Cette affaire implique la remise confidentielle de diamants, en 1973, par le président de la République centrafricaine Bokassa à Giscard d’Estaing, qui était alors ministre français de l’Économie et des Finances. Le journal français Canard enchaîné révèle cette attribution en octobre 1979, alors que Giscard d’Estaing est devenu entre-temps président de la République en 1974 et que Bokassa a été renversé du pouvoir. Le scandale contribue à l’échec de Giscard d’Estaing à l’élection présidentielle de 1981 face à François Mitterrand. Il contestera le montant des cadeaux rapporté par Le Canard et Le Monde.
Intervention en RCA
Il faut dire que Jean-Bedel Bokassa a été une épine dans le pied de VGE. Arrivé au pouvoir le 31 décembre 1965 à la faveur d’un coup d’Etat, Bokassa devient alors le président autoproclamé de la République centrafricaine. Un pays qui regorge de richesses naturelles notamment du diamant qui coule à flot. La République centrafricaine jouit d’une situation stratégique fondamentale. Aussi, la France alors dirigé par Giscard ferme-t-elle les yeux face aux intérêts de l’heure ? Les agissements du nouvel homme fort de Bangui jugés pourtant excessifs et répréhensibles ne se heurtent guère à la condamnation de la France. Bokassa déroule, la France regarde. Bokassa va dans un premier temps s’autoproclamer président à vie, puis maréchal et enfin dans une ultime bouffonnerie empereur en 1977.
Valérie Giscard d’Estaing, tout comme ses deux prédécesseurs (de Gaulle et Pompidou) ne prendra aucune mesure face à ces menaces avérées contre la démocratie, tant chantée par la France, pays colonisateur. Le laisser-aller aura largement duré pour que Bokassa se croit intouchable. C’est le massacre d’une centaine d’écoliers par la garde personnelle de Bokassa qui va contraindre l’opinion internationale à la réaction. La France intervient en 1979. Les parachutistes français sont mis à contribution, ils seront d’un apport décisif, pour la chute du dictateur Bokossa. Les révélations gênantes sur son mercantilisme et ses compromissions finiront par prendre le dessus, sur une intervention jugée tardive. VGE ne va finalement pas bénéficier d’un second mandat présidentiel.
Le nucléaire pour l’Afrique du Sud
Sous le magistère de Valéry Giscard d’Estaing la France ne s’est guère faite prier pour profiter de l’absence d’autres puissances en Afrique du Sud pour se faire une place. A l’époque, l’Afrique du Sud, pays ségrégationniste qui assume pleinement cette politique est placé au ban des nations. N’empêche, la France de VGE va ainsi construire, à partir de 1976, deux réacteurs nucléaires en Afrique du Sud. A l’époque, les détracteurs de VGE soulignent qu’au-delà des intérêts de la nation, le président protège aussi ceux de sa famille, très impliquée dans l’industrie nucléaire.