Le sexe à distance ravirait quelque 500’000 personnes selon une étude de l’Université de Neuchâtel. Il apparaît encore que les séances pornographiques on line ont connu un fort succès pendant le confinement.
Les séquences pornographiques diffusées en direct sur la Toile ont connu un fort engouement durant le confinement lié au Covid-19. Selon une étude de l’Université de Neuchâtel, le nombre d’adeptes atteint au moins 500 millions. En Suisse aussi, l’intérêt a augmenté.
Si la clientèle du sexe à distance est largement masculine, les séquences – mises en scène par 300’000 à 500’000 personnes – sont le fait majoritairement de femmes. Rien qu’en Suisse, les occurrences du terme «camgirl» tapées dans Google ont doublé à trois reprises entre le 29 mars et le 9 mai, selon une thèse de doctorat effectuée à l’Université de Neuchâtel et publiée lundi.
Dans la semaine du 8 au 14 mars, l’occurrence était de 25 pour atteindre 100 la semaine du 29 mars au 4 avril, a observé Salomé Donzallaz, assistante doctorante de l’Institut de sociologie. Selon l’outil Google Trends, ces résultats reflètent la proportion de recherches portant sur un mot-clé donné dans une région et pour une période spécifique.
Une valeur de 100 signifie que le taux d’utilisation de ce mot-clé est le plus élevé, un niveau de 50 montre que le mot-clé a été utilisé moitié moins souvent dans la région concernée, 0 veut dire que les données sont insuffisantes.
«J’ai choisi d’effectuer une recherche avec le terme «camgirl» car d’une part c’est le terme le plus couramment utilisé en français pour parler de livecam, notamment sur les forums de discussions et d’autre part pour avoir un résultat ciblé concernant ce domaine et ne pas avoir de résultat comprenant les sites pornographiques proposant par exemple des films», a expliqué à Keystone-ATS la chercheuse.
«Même si la sexualité reste un sujet intime et un peu tabou, elle fait partie de la vie sociale, a relevé Salomé Donzallaz. La chercheuse a voulu comprendre comment les activités sexuelles à distance occupent les différents espaces concrets et numériques, ainsi que leur construction économique.
Roumanie: une activité économique
Selon l’assistante-doctorante, la production de ces performances se classe en deux catégories. «Nous avons d’abord les plates-formes dites Premium, travaillant de manière exclusive avec des studios professionnels et de l’autre les plates-formes Freemium, proposant les shows de personnes privées travaillant par exemple depuis leur domicile».
Selon des estimations, il existe aujourd’hui environ 5000 plates-formes dédiées aux livecam, formes Freemium et Premium confondues. C’est en Roumanie que se trouve la majorité des sites Premium. Cela s’explique par le fait que ce pays dispose d’un réseau internet parmi les meilleurs et les moins chers du monde, et aussi parce que les salaires y sont parmi les plus bas d’Europe.
Certaines sources affirment qu’on peut dénombrer jusqu’à 5000 studios pour livecam, constituant dès lors une activité économique non négligeable pour le pays. Mais qui demeure cependant illégale.
«Pourtant les studios ont essayé d’être légaux», assure Maria Boroghina, directrice des Studios Best de Bucarest, citée dans le travail de recherche. «Tout le monde sait que l’on est là. On veut payer des impôts! Mais comme c’est pornographique, l’Etat ne veut rien entendre».
Interaction des protagonistes
Pour les Freemium en revanche, les localisations sont beaucoup plus éclatées. Elles vont de la Suisse à la Colombie en passant par les États-Unis ou l’Angleterre. Tout dépend de la plate-forme d’hébergement et des possibilités disponibles en ligne, comme la langue, le territoire de diffusion, le prix. «On peut très bien avoir des performeuses habitant en Suisse, mais qui évitent la diffusion de leur show dans leur pays de résidence ou d’origine, pour ne pas être reconnues par exemple», a observé la chercheuse.
Si pour les acteurs de la livecam cette activité ne représente en général qu’un salaire d’appoint, certains sites spécialisés revendiquent un revenu moyen allant jusqu’à 35 millions de dollars par mois. Quant aux motivations de la clientèle, elles se traduisent par le désir d’aller au-delà du voyeurisme d’une scène érotique, puisque les deux protagonistes peuvent interagir.
«Ainsi, à la différence des vidéos pornographiques disponibles gratuitement sur internet, la prestation peut devenir exclusive, évoluant en temps réel, en fonction de la créativité, des envies et des demandes de part et d’autre des écrans», a-t-elle expliqué.
ATS/NXP
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