Je n’ai pas appelé à un accord de paix avec Israël, affirme le président libanais dans un entretien au Corriere della Sera.
Il est « impossible » que la double explosion survenue le 4 août dans le port de Beyrouth soit due à des armes du Hezbollah, assure le président libanais Michel Aoun dans un entretien publié mardi par le Corriere della Sera. Une enquête est en cours pour en déterminer la cause de cette gigantesque déflagration qui a fait 178 morts, 6.000 blessés et 300.000 sinistrés. Selon les autorités libanaises, elle est due à la dégradation de plus de 2.000 tonnes de nitrate d’ammonium stockées depuis des années dans le port.
Selon le chef de l’Etat, qui est un allié du Hezbollah, aucune arme du parti chiite pro-iranien n’était stockée dans le port. « Impossible, mais des événements aussi graves que celui-ci agitent les esprits et stimulent l’imagination », dit-il, interrogé au sujet de l’hypothèse d’une responsabilité du Hezbollah, tout en assurant que cette « cette piste sera, elle aussi, étudiée ». « Bien qu’il semble s’agir d’un accident, je veux éviter d’être accusé de ne pas avoir écouté toutes les voix », ajoute-t-il.
Hassan Nasrallah, chef de file du mouvement dont la milice dispose d’un véritable arsenal, a lui aussi assuré qu’aucune arme n’était entreposée dans le port de Beyrouth et affirme que l’explosion est due à un sabotage israélien.
Je n’ai pas appelé à un accord de paix avec Israël
En réponse à une question concernant le verdict que doit prononcer dans la journée le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) chargé de juger les responsables de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005, le président libanais a affirmé qu’une justice tardive n’était pas une justice. « J’attends le verdict. Je le respecterai, quel qu’il soit. Je ne veux pas en dire plus, sauf pour souligner que 15 ans se sont écoulés depuis l’assassinat et que la justice, après une si longue période, n’est plus justice », a déclaré le chef de l’Etat, répondant à une question du journaliste sur l’éventualité que le TSL pointe du doigt le gouvernement syrien et le Hezbollah. « L’assassinat de Rafic Hariri a eu de grandes conséquences sur la vie des Libanais et le cours des événements dans le pays », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, Michel Aoun a démenti avoir appelé à un accord de paix avec Israël, quelques jours après un entretien accordé à un média français dans lequel il laisse planer le doute sur une telle option, alors que les deux pays sont techniquement toujours en guerre. « Je n’ai pas appelé à un accord de paix avec Israël, car il y a de nombreux problèmes, notamment le fait qu’une portion du territoire libanais est sous occupation et que des frontières maritimes et terrestres sont encore l’objet de litiges, en sus de la cause palestinienne et de la présence de réfugiés palestiniens au Liban », a expliqué le président.
Lors d’un entretien accordé à la chaîne d’information française BFMTV, le président Aoun avait répondu à une question concernant la normalisation des relations avec Israël, soulignant que « cela dépend », et qu’il ne pourrait y avoir d’avancée que lorsque « les problèmes » entre le pays du Cèdre et l’Etat hébreu seraient « résolus ».