Après 27 ans de mariage, mon mari et moi ne faisons presque plus l’amour car il a des problèmes d’érection ainsi qu’une baisse de libido. Il regarde de plus en plus souvent des sites pornographiques en pensant que ça va l’aider mais, pour le moment, ça ne fonctionne pas. Est-ce une bonne solution ? » se demande Jacqueline, 55 ans. Le Dr Catherine Solano, médecin sexologue et andrologue (hôpital Cochin, Paris), lui répond.
Avec l’âge, il est normal que la libido soit moins « pressante », que l’érection mette davantage de temps à venir, tout comme l’éjaculation. Néanmoins, chez un homme en bonne santé, tout cela fonctionne normalement, même si c’est d’une manière que l’on pourrait qualifier de « moins vive ».
LE PORNO, ENNEMI DE LA SEXUALITÉ
Le problème, c’est que lorsque la première panne d’érection survient, votre compagnon peut ressentir un tel stress qu’il panique et cherche alors des solutions… pas toujours adaptées. Quand un homme regarde régulièrement de la pornographie, plusieurs manifestations se produisent.
– Un phénomène de désensibilisation apparaît peu à peu. À force de voir des images très excitantes, le cerveau devient moins excitable. Cela se manifeste par exemple vis-à-vis de la partenaire sexuelle, pour laquelle le désir s’amoindrit. Comme l’explique David Reynié, auteur d’un rapport sur la pornographie pour Fondapol (1) : « Le porno est susceptible de faire perdre tout intérêt pour le partenaire habituel ». Cela explique également la tendance à rechercher des images de plus en plus déviantes, voire choquantes, ou plus « hard » pour continuer à obtenir un même niveau d’excitation.
– Une baisse importante de libido et une augmentation des dysfonctions érectiles surviennent souvent suite au visionnage d’images X.
– Enfin, une étude a montré qu’une consommation régulière de pornographie provoquait une diminution de la satisfaction avec la conjointe, une baisse de l’attachement sentimental ainsi qu’une dévaluation de l’apparence et de la performance de la partenaire (2).
Par conséquent, non, la pornographie n’est pas une bonne solution pour améliorer la sexualité dans votre couple. Au contraire, elle est probablement en grande partie à l’origine des problèmes que vous rencontrez.
QUE FAIRE POUR RETROUVER LE DÉSIR (SANS PORNO) ?
Vous pouvez expliquer toutes les conséquences des images X à votre mari et lui demander d’arrêter complètement la pornographie pendant quelques semaines. Très souvent, des améliorations importantes en termes de désir et d’érection s’observent au bout de quatre à cinq semaines.
D’autre part, je vous conseille de l’inciter à voir un médecin, qui pourra lui prescrire un médicament pour améliorer ses érections (s’il ne présente pas de contre-indication). Cela permet souvent de reprendre confiance en ses capacités sexuelles et de nombreux hommes peuvent ensuite se passer de traitement. Et si votre mari a plus de 50 ans, il pourrait être indiqué de faire un dosage de sa testostérone, hormone impliquée dans le désir sexuel.
Encouragez-le également à faire du sport, car 30 minutes d’exercice physique suffisent pour stimuler la production de testostérone, donc l’énergie sexuelle et l’érection. Mais attention, plus de deux heures consécutives font plutôt baisser cette hormone !
Enfin, subsistent deux dernières questions : – votre mari déprime-t-il en ce moment ? un petit moral peut être la cause de difficultés sexuelles ; – prend-il des médicaments qui pourraient agir sur la libido ou sur l’érection ? Il faut alors aborder la question avec son médecin traitant.
topsante.com
Attention aux effets pervers du porno à deux
« Un porno peut aussi avoir l’effet inverse ! C’est-à-dire ne susciter aucun désir de passage à l’acte » prévient Nathalie Giraud Desforges. En clair, une séance X ne garantit en rien des ébats inoubliables. « Les images peuvent être même encombrantes » ajoute-t-elle.
En effet, la posture du voyeur peut parfaitement combler un besoin sexuel. La simple vue du film est satisfaisante ; le rapport sexuel n’est plus souhaitable.
Par ailleurs, les images peuvent aussi parasiter la relation sensorielle avec le partenaire en s’imposant. En plein coït surgissent alors des comparaisons, sur la taille, l’intensité de ce qui semble être vécu dans le film. Résultat, vos galipettes semblent bien fades.
Enfin, le porno peut réveiller des blessures d’abus ! Si un profond malaise vous saisit, face à la demande, ou devant les images, il y a des raisons, ne vous obligez à rien. « Une réaction très forte d’ordre répulsive est significative du déclenchement d’une alarme intérieure dont il faut tenir compte » rappelle la sexothérapeute.