Le Sénégal est souvent cité comme un exemple de démocratie apaisée en Afrique de l’Ouest. Le pays n’a pas connu de coup d’Etat militaire depuis le 4 avril 1960, date de son indépendance. Une exception dans la région.
Le processus démocratique au Sénégal est un exemple en Afrique de l’ouest. Pour Babacar Guéye, professeur de droit à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, plusieurs raisons expliquent cette exception sénégalaise.
En 60 ans d’indépendance, le Sénégal n’a en effet enregistré aucun coup d’Etat militaire. Une exception selon Babacar Guéye.
Fête de l’indépendance en 1960 à Dakar (Images/Archives)
« Nous avons une armée qui est une armée républicaine. Nous avons des officiers qui ont été formés dans les meilleures académies du monde, qui ont une certaine idée de l’Etat et qui savent que le pouvoir militaire est normalement soumis au pouvoir civil. Une autre raison vient de ce que les militaires les plus gradés sont assez-bien lotis et que notre classe politique est également une classe extrêmement très politisée et consciente de l’importance du pouvoir civil. »
Des coups de force manqués
L’histoire politique du Sénégal a toutefois connu des tentatives de coups de force sous le régime du premier président, Léopold Sédar Senghor.
La première, en 1962, suite à un différend entre l’ancien président du Conseil, l’ancien premier ministre Mamadou Dia, et Léopold Senghor.
La deuxième tentative remonte aux années 80 avec des rumeurs de tentative de coup d’Etat qui n’ont jamais été matérialisées.
« Le Sénégal a toujours su créer cette synergie entre les partis politiques idéologiquement de gauche, de droite, libéraux ou d’extrême gauche. Et ils ont toujours su gérer ensemble le pouvoir. Cela se voit aujourd’hui puisque le président de la République, Macky Sall, bien qu’étant libéral, est soutenu par la coalition politique Benno Bokk Yakaar qui est un conglomérat de partis de gauche. C’est ce qui fait l’exception sénégalaise et qu’il ne peut pas y avoir de velléités de coup d’Etat », a expliqué Momar Thiam, analyste politique.
Au-delà de l’exception sénégalaise, rappelle Momar Thiam, le pays dispose d’organisations comme les mouvements de la société civile.
Sans oublier les confréries religieuses et les leaders d’opinion qui jouent le rôle de médiateur entre le pouvoir politique, les militaires, l’opposition et la population.