A l’occasion de la 8e édition de la Foire ouest-africaine des semences paysannes de Djimini (Sénégal), des participants ont évoqué la question des législations liées aux semences et les menaces qui pèsent sur celles dites paysannes. Pour la souveraineté alimentaire et l’indépendance des petits producteurs, les participants ont demandé aux candidats en lice pour le scrutin du 17 novembre de s’engager à protéger les semences paysannes à travers des lois et règlements favorables.
La campagne électorale en cours s’est invitée à la 8e édition de la Foire ouest-africaine des semences paysannes de Djimini (département de Vélingara), qui a démarré le 12 novembre et s’est achevée hier jeudi. Au cours des différents ateliers tenus dans ce village de la région de Kolda, des paysans se sont rappelé que le Sénégal va bientôt renouveler ses parlementaires qui ont pour mission de voter les lois. A ce titre, les tout prochains députés du Sénégal sont interpellés par des participants à cette grand-messe des protecteurs des semences paysannes venus des pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Europe.
Diafara Fofana, paysan-chercheur de la ville de Koungheul (Sénégal), a dit en direction des futurs députés : «Pour la prochaine législature, il nous faut des parlementaires crédibles qui puissent défendre les paysans puisqu’ils sont, pour la plupart, des fils de paysans. Ils doivent s’approprier nos travaux pour pouvoir correctement défendre la semence paysanne. Voter des lois en vue de favoriser des systèmes alimentaires durables, de reconnaître la semence paysanne qui est un patrimoine de l’humanité qu’aucune firme n’a le droit de s’accaparer à travers des systèmes de brevetage qui tuent les petits producteurs et les rend dépendants sur les plans semencier et alimentaire.»
Il n’était pas seul à appeler les décideurs politiques à s’engager à porter le plaidoyer des petits producteurs pour une souveraineté alimentaire et contre «la mainmise de l’agro-industrie sur la chaîne de production alimentaire et la logique productiviste de l’utilisation immodérée des engrais chimiques et des Ogm qui occasionnent un appauvrissement des sols, une perturbation des écosystèmes et la perte de la biodiversité». Il s’agit d’une question de «droit à l’alimentation, et donc à la vie», a martelé un participant venu de la Côte-d’Ivoire.
Lamine Biaye, président de l’Association sénégalaise des producteurs de semences paysannes (Aspsp), initiatrice de la foire avec le Coasp (Comité africain des semences paysannes), a déploré que la semence ne soit plus «un patrimoine universelle communautaire» et que maintenant «elle est détenue par un groupuscule de personnes à travers de petits efforts qu’ils ont faits, qu’ils ont menés sur cet être vivant qui est le patrimoine de l’humanité».
Une allusion directe aux firmes et agro-industries qui se «sont accaparé les semences à travers un système de brevetage». Un constat qui a amené M. Biaye à renseigner sur la genèse de son association et de la foire de Djimini. Il dit : «Contre l’accaparement de la semence par des firmes et pour la protection du patrimoine génétique, nous avons créé un vaste mouvement africain et sénégalais.».
Sur l’objectif de la foire, Lamine Biaye poursuit : «L’objectif d’une telle initiative est de mobiliser tous les paysans autour de la semence paysanne à travers le monde, de sensibiliser et d’informer les paysans sur les enjeux de la souveraineté alimentaire et le rôle que doit y jouer la semence paysanne, mais aussi informer sur les dangers que fait planer sur l’humanité l’usage abusif des semences fournies par l’agrobusiness.»
A rappeler que Djimini n’est pas une foire commerciale, mais plutôt une foire d’échange de semences, de partage d’expériences et de pratiques culturales. Ce sont aussi des moments de plaidoyer et de sensibilisation pour la souveraineté alimentaire et une agriculture durable à travers des ateliers et conférences. Le thème de cette foire est : «Autonomie semencière et souveraineté alimentaire : enjeux et défis pour la semence paysanne.»