A Las Vegas, les jeux sont loin d’être faits. Le Nevada fait lui aussi partie de ces fameux Etats pivots. Les deux candidats y ont tenu leurs meetings jeudi soir.
Ici, les candidats sont au coude-à-coude, chaque voix va compter dans le Nevada. Lors des quatre dernières élections présidentielles, les habitants avaient choisi un candidat démocrate mais le vent est en train de tourner. Le discours de Donald Trump mobilise de plus en plus dans cet Etat où l’économie est la principale préoccupation. Il faut dire que Las Vegas est le symbole d’une Amérique à deux vitesses où la classe moyenne a des difficultés pour se nourrir et se loger. La crise du logement est généralisée aux Etats-Unis, une crise qui pousse de plus en plus d’Américains à troquer leur maison ou leur appartement contre un camping-car. Nous sommes partis à leur rencontre sur les routes du Nevada.
Le désert s’étend à perte de vue et des milliers de camping-cars sont garés au milieu des cactus. Nous sommes dans la ville de Quartsite en Arizona, une destination prisée par les travailleurs nomades en hiver.
Maureen, une Américaine de 62 ans, vient d’y monter son campement de fortune. « J’ai installé une tente, ici. Une corde a cassé mais je l’ai rafistolée. » À l’intérieur de la tente, une petite piscine gonflable lui sert de douche. « C’est une piscine pour chien, précise-t-elle. Elle récupère toute l’eau et j’ai un pommeau de douche ».
Maureen dort dans son van car elle a perdu son logement pendant la pandémie de Covid 19. « J’avais un appartement et pendant la pandémie, le propriétaire m’a expulsée car il manquait 200 dollars au loyer. Je suis restée dans la maison d’un ami. Je n’avais pas les moyens de payer un appartement d’une chambre, même si je le voulais. »
Aujourd’hui, elle fait partie de ces Américains qui sillonnent le pays à la recherche d’un emploi.
Cela fait quatre ans qu’il vit sur la route. « On a vendu tout ce qui ne rentrait pas dans le camping-car, on a pris notre chat et on est parti sur la route. »
En échange d’une place de parking, d’un accès à l’eau et à l’électricité, il travaille trois jours par semaine. « Le travail dépend du nombre de personnes sur le site du camping. Quand ils partent, on doit vérifier les emplacements, vérifier que l’électricité est éteinte, regarder s’il n’y a pas de boue partout et ramasser les déchets. »
Et certaines entreprises engagent maintenant exclusivement des travailleurs nomades, comme dans ce centre de tir dans la banlieue de Las Vegas. Ici, ils ramassent les balles et nettoient les communs. « C’est une main-d’œuvre très intéressante pour le gérant. Je pense qu’avec le travail que font les travailleurs nomades ici, nous épargnons environ 600.000 dollars par an; sinon on aurait dû payer des gens à temps partiel pour le faire« , explique le gérant.
© Tous droits réservés
Les travailleurs nomades sont de plus en plus nombreux sur les routes. La faute à la crise du logement, mais aussi à l’inflation. Depuis 2020, elle a bondi de 25%. Cette classe moyenne se sent laissée-pour-compte, et porte un regard désabusé sur les pancartes électorales déployées sur toutes les routes du pays… alors qu’elle voyage à la recherche d’une vie meilleure.