La 29e Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, ou COP29, se déroulera à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024. Les critiques des ONG de défense des droits de l’homme concernant cette COP29 sont particulièrement vives. Des organisations comme Human Rights Watch et Amnesty International expriment de vives inquiétudes sur la répression des libertés fondamentales dans le pays hôte.
La COP29 se présente comme la « COP des finances« , avec un accent particulier sur la définition d’un nouvel objectif mondial de financement pour la lutte contre le changement climatique. Les pays participants devront présenter des engagements concrets, notamment en matière de climat, avant la COP30 prévue au Brésil l’année suivante.
Après la COP28 à Dubaï, marquée par le lancement d’un fonds pour les pertes et dommages liés au climat, les pays en développement attendent des promesses concrètes et une mise en œuvre efficace des engagements passés.
L’Azerbaïdjan, pays hôte, a également annoncé plusieurs initiatives importantes. Parmi celles-ci figure un appel à un cessez-le-feu mondial d’un mois, inspiré par la trêve olympique, visant à réduire les émissions liées aux activités militaires, qui représentent environ 5 à 6% des émissions mondiales.
De plus, le pays souhaite promouvoir l’initiative de Bakou pour le financement climat, l’investissement et le commerce, qui mettra l’accent sur la synergie entre financement climatique et investissement durable.
Vue de Baku (2021). © Getty.
Les ONG de défense des droits de l’homme inquiètes de la situation politique locale
Human Rights Watch souligne que l’Azerbaïdjan, dirigé par un gouvernement autoritaire, a intensifié la répression contre les voix dissidentes, ce qui soulève des questions sur la possibilité d’une participation significative de la société civile lors de la conférence. L’organisation appelle les gouvernements participants à insister sur le respect des droits humains et à garantir une représentation équitable des voix indépendantes.
Arzu Geybulla est une journaliste azerbaïdjanaise en exil à Istanbul et elle s’exprime sur la situation locale : « La famille au pouvoir en Azerbaïdjan a démantelé toutes les structures du pays. Du gouvernement au monde associatif. La nourriture y est excellente et les gens très accueillants mais le pays est très sombre en termes de libertés.
Amnesty International exhorte les délégations présentes à faire pression sur les autorités azerbaïdjanaises pour qu’elles mettent fin aux violations des droits civiques. L’organisation rappelle que la répression actuelle rappelle les précédentes violations observées lors d’autres événements internationaux en Azerbaïdjan, comme l’Eurovision 2012 et les Jeux européens 2015.
Carine Thibaut, directrice générale francophone d’Amnesty Internationale en Belgique francophone explique que « lors de la dernière COP, pour la première fois on a évoqué de sortir des énergies fossiles. On a enfin accepté de regarder l’éléphant au milieu de la pièce. Mais l’Azerbaïdjan, grand producteur de gaz, ne s’inscrit pas dans la même logique puisqu’ils ont déclaré que les énergies fossiles étaient une bénédiction de dieu. Donc ils ne semblent pas avoir compris que ces énergies risquent de mener à la disparition de l’humanité.«
Les ONG demandent également que l’accord avec l’État hôte inclue des protections claires pour les droits humains et soit rendu public rapidement.
Et Carine Thibault poursuit : « L’Azerbaïdjan ne se préoccupe pas du changement climatique. Son dernier plan climat est moins ambitieux que son plan précédent. Alors qu’il faudrait normalement être de plus en plus exigeant. Le pays se préoccupe plutôt de vendre son gaz. Et l’Europe achète du gaz sans condition. Il faudrait pourtant en profiter pour exiger la libération des prisonniers politiques et exiger une liberté de la presse.«
Les critiques vont au-delà des simples violations des droits humains. Les ONG s’inquiètent également du fait que l’Azerbaïdjan pourrait utiliser sa position en tant que pays hôte pour promouvoir l’expansion de l’exploitation des combustibles fossiles, ce qui irait à l’encontre des objectifs climatiques globaux.
Arzu Geybulla conclu sur une note peu réjouissante : « Il ne faut pas s’attendre à des mouvements critiques locaux lors de cette COP29 parce que la plupart des activistes sont derrière les barreaux. Je serai très préoccupée pour leur sécurité si des groupes osent s’exprimer. Pour le moment les prisonniers politiques sont évalués à 300, au bas mot. Leur nombre risque d’augmenter pendant la COP et la répression va s’accentuer sur tous ceux qui osent donner de la voix. Les représentants des pays démocratiques doivent en profiter pour poser des questions sur les droits humains et donner des noms de prisonniers politiques. L’Azerbaïdjan doit comprendre que s’ils veulent continuer à s’asseoir à la même table que les pays occidentaux, ils doivent respecter les mêmes valeurs que ces pays.«
Human Rights Watch insiste sur le fait que tout plan d’action pour le climat doit respecter les droits humains et ne pas permettre à un pays répressif de détourner l’attention des véritables enjeux climatiques.