Les cours de la plupart des matières premières devraient connaître des baisses marquées cette année dans un contexte de croissance économique atone à l’échelle mondiale. Mais les prix du gaz, du pétrole, du charbon et des produits alimentaires resteront supérieurs à leurs niveaux moyens observés sur la période 2015-2019.
A quelques rares exceptions près, les prix des produits énergétiques, des engrais, des métaux et des matières premières agricoles devraient reculer en 2023 et rester pratiquement stables en 2024, a estimé la Banque mondiale (BM) dans son rapport « Commodity Markets Outlook » publié le 27 avril.
Le rapport précise que les cours mondiaux de l’ensemble des matières premières devraient globalement refluer de 21% en 2023 par rapport à l’année écoulée, ce qui représente la plus forte baisse depuis la pandémie du coronavirus.
Les prix de l’énergie devraient chuter de 26 % cette année. Le cours du pétrole brut (Brent) devrait s’établir en moyenne à 84 dollars le baril cette année, soit une baisse de 16 % par rapport à la moyenne de 2022, avant d’augmenter de 2,4% en 2024. En dépit de cette baisse, les prix de l’or noir resteront plus élevés que leurs niveaux moyens sur la période 2015-2019, en l’occurrence 57 dollars le baril.
En Europe et aux États-Unis, les prix du gaz naturel devraient être devraient être divisés par deux entre 2022 et 2023, en raison notamment du recul de la demande dans ces deux régions qui comptent de plus en plus sur les énergies renouvelables pour produire l’électricité. Ces prix resteront cependant presque trois fois plus élevés que leurs niveaux moyens observés entre 2015 et 2019.
Les prix moyens du charbon devraient, quant à eux, passer de 350 dollars/tm (tonne métrique) en 2022 à 200 dollars/tm en 2023, puis à 155 dollars/tm en 2024, en raison notamment de la chute de la demande de ce combustible fossile polluant, dans un contexte de baisse des cours du gaz naturel et de hausse des prix du carbone en Europe. Les cours du charbon demeureront néanmoins largement supérieurs à leurs niveaux moyens enregistrés durant les cinq années ayant précédé de la pandémie du coronavirus (2015- 2019).
Baisse de 37% des prix des engrais
La Banque mondiale s’attend d’autre part à une chute de 37% des prix des engrais en 2023, ce qui constituerait la plus forte baisse sur un an depuis 1974. Les baisses les plus prononcées des prix des engrais concerneront l’urée, le chlorure de potassium et le phosphate d’ammonium (DAP).
Malgré leur recul marqué, les prix des engrais resteront proches du niveau record atteint lors de la crise alimentaire de 2008-2009.
Le rapport révèle également que les prix des produits alimentaires devraient refluer de 8% cette année et de 3% en 2024, en supposant que les exportations de céréales et d’oléagineux de la région de la mer Noire restent stables. Les cours du blé et du maïs devraient enregistrer des baisses respectives de 17% et 15% cette année, grâce notamment à la contraction de la demande mondiale et à des récoltes meilleures que prévu au Brésil, en Australie, au Canada, au Kazakhstan et en Russie.
Les prix du riz devraient cependant enregistrer une hausse 17% en 2023, à 510 dollars par tonne, avant de revenir à 490 dollars par tonne grâce notamment à la reprise des exportations pakistanaises.
En ce qui concerne le café, les prix de l’arabica devraient baisser de 14% cette année et de 4% en 2024 alors que ceux du robusta resteront quasiment stables par rapport à l’année passée. Les cours du cacao augmenteraient d’environ 13% en 2023 avant de reculer légèrement en 2024.
La Banque mondiale note dans ce chapitre que la baisse des prix des produits alimentaires ne devrait guère soulager les quelque 350 millions de personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire dans le monde. Même si les cours de ces denrées devraient reculer cette année, ils resteront à un niveau record qui n’a été dépassé qu’une seule fois depuis 1975.
Les métaux précieux retrouvent leur rôle de valeur refuge
Le rapport indique par ailleurs que les prix des métaux devraient baisser en 2023 et en 2024, grâce à l’amélioration de l’offre et de la détérioration des perspectives de croissance mondiale. Des baisses à deux chiffres concerneront l’aluminium, le nickel, le zinc et l’étain. Le recul des prix sera moins marqué pour le minerai de fer, le plomb et le cuivre.
En ce qui concerne les métaux précieux, les prix de l’or, de l’argent et du platine devraient augmenter à des taux allant de 4% à 6% cette année, en raison de la forte demande de la part des investisseurs qui y voient de nouveau une valeur refuge en ces temps d’incertitudes économiques.
Les prix de l’or et de l’argent devraient reculer légèrement en 2024, grâce l’atténuation attendue des pressions inflationnistes, tandis que ceux du platine continueraient à monter.