26% des écoles privées étudiées sont reconnus, 69% sont autorisés et 5% non autorisés, avec une utilisation massive des professeurs du public par le privé. C’est ce qui ressort du rapport de l’enquête menée par la Cosydep qui a partagé les résultats hier, lors d’un webinaire.
Quels sont les impacts de la privatisation sur le droit à l’éducation ? La Cosydep a tenté de répondre à cette question en menant une enquête. Le rapport révèle que 26% des écoles étudiées ont une reconnaissance, 69% sont autorisés et 5% sont non autorisés. Parmi les écoles enquêtées, les 16% appartiennent à des personnes morales (associations), les 4% aux communautés religieuses, les 22% aux personnes morales (Gie). Les 2% sont aux acteurs individuels (mécènes), les 56% aux acteurs individuels (autres). L’enquête détermine également que les établissements privés de l’échantillon sont majoritairement à but lucratif (84%) et font des bénéfices (60%), la plupart de ces établissements (50%) ont été créés entre 2010 et 2020 et 19% bénéficient de subventions.
Pour ce qui est de la part des effectifs du privé dans les cycles d’enseignement, le rapport indique qu’au niveau pré-primaire, le privé y est dominant. Ainsi 109 mille 976 enfants préscolarisés sur un effectif de 252 mille 330, soit 43,06%. Dans l’enseignement élémentaire, 365 mille 557 sur 2 millions 171 mille 967, soit 16,8%. Concernant l’enseignement moyen général, il s’agit de 135 557 sur un effectif total de 746 497, soit 18,20%. Pour ce qui est de la part du privé dans le total des écoles à l’élémentaire, elle s’établit comme suit : dans le cycle élémentaire, sur 10 343 écoles élémentaires : 83,4% sont publics, 16,2% privés et 0,4% de statut communautaire/associatif.
De 2015 à 2019, le réseau d’écoles élémentaires, public et privé confondus, a connu un taux d’accroissement moyen annuel de 2,0%, soit une augmentation globale de 794 écoles. Dans le même temps, le réseau d’écoles publiques n’a connu qu’un accroissement d’1,5%. «La conclusion est que le développement de l’élémentaire privé est environ 5 fois plus rapide que celui du public. La tendance à une progression constante de l’offre privée est perçue comme une forme de privatisation rampante», dit le rapport.
Par ailleurs, le rapport montre l’évolution des établissements préscolaires privés entre 2015 et 2019. En effet, dans le préscolaire, plus de 236 nouveaux établissements ouverts entre 2015 et 2019, avec une augmentation de 59 entre 2015 et 2016, 40 entre 2016 et 2017, 67 entre 2017 et 2018, 70 entre 2018 et 2019. Ce qui fait dire à la Cosydep que ce rythme de progression donne en moyenne une croissance d’une quarantaine d’établissements nouvellement créés au préscolaire par an. Par rapport aux établissements privés, à l’élémentaire, à la même période, il est noté que 296 nouveaux établissements ont été ouverts entre 2015 et 2019, avec une augmentation de : 88 entre 2015 et 2016, 65 entre 2016 et 2017, 89 entre 2017 et 2018, 54 entre 2018 et 2019. «Une évolution très inconstante. L’enseignement élémentaire doit faire l’objet d’une vigilance particulière», commentent les rédacteurs du rapport. Ce dernier rapporte aussi que 74% des parents interrogés ont déclaré avoir scolarisé leurs enfants en écoles privées non pas par choix mais par obligation. Ces parents déboursent entre 50 et 400 mille F Cfa par an pour les frais de scolarisation et autres frais opportunistes, détaille l’enquête.
Autre fait marquant du rapport, c’est l’utilisation massive des professeurs du public par le privé, «en contradiction avec les dispositions des textes législatifs et réglementaires». En fait, 54% ont des Cdd et 44% sont des vacataires, 39% des établissements observés ne sont pas à jour des cotisations sociales, moins de 20% des écoles comptent 10 à 15% d’agents qualifiés titulaires de diplômes professionnels. Entres autres recommandations, la Cosydep demande le renforcement du dispositif de contrôle et le respect des normes du secteur privé de l’éducation. Mais aussi s’assurer que soient respectées les qualifications professionnelles minimales du personnel, les conditions de travail, d’emploi et de rémunération, la liberté d’association et de négociation collective.