Face aux limites de l’E-Levy, le Ghana réintroduit les péages routiers, cette fois sous une forme numérique. Prévu pour 2025, le nouveau système devrait améliorer la fluidité du trafic et assurer la rentabilité des infrastructures.
Le gouvernement ghanéen a récemment confirmé la mise en place d’un système de péage intelligent sur certaines de ses routes principales, une initiative visant à moderniser la gestion des infrastructures routières du pays. Selon Kwame Governs Agbodza (photo, au centre), ministre des Routes et Autoroutes, cette mesure devrait être mise en œuvre d’ici fin 2025.
La décision d’introduire un nouveau système de péage intervient après l’abolition des péages physiques en novembre 2021, remplacés par la taxe sur les transactions électroniques (E-Levy). Cette décision a été particulièrement critiquée au vu des ressources limitées dont dispose le gouvernement pour faire face aux problèmes du secteur du transport, notamment l’entretien des routes. Selon Emmanuel Cherry, directeur général de la Chambre Ghanéenne de l’industrie de la construction, le pays perd environ 1 milliard de cedis (environ 80 millions de dollars) par an en raison de l’abolition des péages routiers. Face aux défis posés par cette abolition et aux recettes insuffisantes de l’E-Levy, le gouvernement a décidé de réintroduire les péages en adoptant cette fois un système intelligent, basé sur une technologie numérique plus transparente et efficace.
En mettant en place ce système de péage intelligent, le Ghana vise à fluidifier le trafic et à rentabiliser la gestion des infrastructures routières. Remplaçant les anciennes barrières physiques par des stations automatisées interconnectées, ce système permettra une détection automatique des véhicules et un prélèvement électronique, améliorant ainsi la fluidité du trafic et réduisant les temps d’attente aux postes de péage, notamment aux abords des grandes villes. La collecte des recettes devrait être plus sécurisée et transparente, garantissant une meilleure gestion des fonds qui pourront être directement réinvestis dans l’entretien et la réfection des routes, assurant leur durabilité. La gestion numérique des flux de trafic offrira également des données en temps réel pour planifier des interventions ciblées et optimiser la maintenance.
La mise en place du péage intelligent s’inscrit dans le cadre d’un projet de modernisation du corridor Abidjan-Lagos, piloté par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce projet vise à transformer cette infrastructure longue de 1028 km en une autoroute moderne, facilitant ainsi les échanges économiques et humains dans la sous-région. Le corridor Abidjan-Lagos étant l’un des axes de transport les plus stratégiques d’Afrique de l’Ouest, sa modernisation apparaît comme essentielle pour faciliter la mobilité transfrontalière, renforcer le commerce intra-africain et promouvoir l’intégration économique régionale.
Les travaux de mise en place de ce péage sont d’ailleurs déjà en cours. En septembre 2024, une réunion technique a eu lieu à Lagos pour finaliser l’étude technique détaillée. Un atelier de validation s’est également tenu à Cotonou en janvier 2025 pour examiner le rapport final sur la facilitation du commerce et du transport.