Dans certaines écoles publiques de Pikine, Guédiawaye et Keur Massar, la situation sanitaire atteint un seuil critique. Selon Djibril Badiane, Directeur des programmes de l’ONG IBP Sénégal, “une toilette est partagée en moyenne par 122 élèves. Pour les filles, c’est encore pire, avec une toilette pour 137 élèves, tandis que les garçons se partagent une toilette pour 107.” Ces données, issues d’une enquête de la Fédération Sénégalaise des Habitants (FSH) et Urbasen, révèlent des conditions d’hygiène alarmantes, révèle le journal »SUDQUOTIDIEN », dans sa parution d’aujourd’hui.
Ce déficit d’infrastructures sanitaires a des répercussions graves sur la santé et le bien-être des élèves, notamment des jeunes filles, souvent contraintes de s’absenter en raison des mauvaises conditions d’hygiène. “Le manque de toilettes adaptées compromet non seulement la dignité des élèves, mais aussi leur accès équitable à l’éducation, surtout pour les filles,” a ajouté Djibril Badiane.
Grâce aux efforts conjoints de la FSH et d’Urbasen, ces données ont été portées à l’attention des collectivités territoriales pour appeler à des mesures concrètes. Selon le Directeur des programmes d’IBP Sénégal, “ces initiatives locales, basées sur des données fiables, montrent que le changement est possible avec un plaidoyer bien structuré. Les autorités doivent désormais répondre à cet appel pour garantir un accès équitable aux infrastructures sanitaires dans les écoles.”
Les organisations impliquées insistent sur la nécessité de renforcer les investissements publics dans l’assainissement scolaire. Elles appellent également les partenaires au développement à soutenir des programmes de construction et de réhabilitation des toilettes.
L’alarme à l’assainissement : Un défi national à relever
Au-delà des écoles, le Sénégal reste confronté à des défis structurels en matière d’assainissement. Une étude récente de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) révèle que près de 30 % des ménages ne disposent toujours pas de toilettes améliorées, et 12,5 % des Sénégalais pratiquent encore la défécation à l’air libre.
Ces défis sont exacerbés par le changement climatique qui perturbe davantage les infrastructures déjà fragiles. À ce sujet, les Nations Unies rappellent qu’un accès universel à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement pourrait sauver 1,4 million de vies chaque année dans le monde. Alors que le monde célèbre la Journée Mondiale des Toilettes, le thème de cette année, “Des toilettes sûres pour tous d’ici à 2030”, résonne particulièrement dans le contexte sénégalais. “Nous devons accélérer nos efforts pour atteindre l’Objectif de Développement Durable n°6,” a déclaré un représentant de l’ONG IBP.
Cette journée est une opportunité pour mobiliser tous les acteurs (gouvernement, collectivités locales, partenaires techniques et financiers) afin de garantir un avenir plus sûr et plus sain pour tous les élèves et ménages sénégalais. Il est crucial que les autorités nationales et locales intensifient leurs efforts pour construire et réhabiliter des toilettes dans les écoles et les communautés. Comme l’a rappelé Djibril Badiane qui magnifie les efforts déjà consentis: “L’accès à des toilettes décentes n’est pas un luxe, mais un droit fondamental pour chaque enfant.” Avec des investissements ciblés et une volonté politique forte, un Sénégal où chaque élève dispose d’un accès équitable à des infrastructures sanitaires décentes est possible. La célébration de la Journée Mondiale des Toilettes, prévue initialement pour le 19 Novembre, est reportée au samedi 7 décembre. Cette décision fait suite aux élections législatives du 17 novembre et aux journées de concertation sur l’eau et l’assainissement, prévues les 21 et 22 novembre à Kaolack.