L’État du Sénégal continue d’étaler sa faiblesse face au péril plastique. En témoigne, cette kyrielle de décisions qui ont été prises par les pouvoirs publics, depuis une dizaine d’années sans que le suivi nécessaire ne soit effectif. La lutte contre la prolifération des sachets plastiques en est une parfaite illustration, avec la ne loi qui a été votée en 2015, puis remplacée par une autre jugée plus coercitive en 2020. Hélas, les dispositions contenues dans ce dernier texte sensé corriger et/ou intégrer les insuffisances du précédent, ne sont toujours pas appliquées. Pis, les sachets plastiques continuent d’être vendus comme du petit pain au vu et au su d’une population désarmée. Sans occulter l’environnement qui y prend un sacre coup !
La lutte contre le péril plastique est un échec. Deux lois sont adoptées dans ce sens, sans aucune avancée. Le Sénégal peine toujours à se débarrasser de ses plastiques. Pis, ils inondent les marchés, comme si aucune tentative de régulation n’a été faite dans ce sens. Pourtant, l’État s’était fermement engagé à faire respecter la loi de 2020, dès l’effectivité de son entrée vigueur, un moratoire ayant été décidé après son vote à l’Assemblée nationale. Mais depuis lors, rien ! Les mouvements et initiatives notés au temps du ministre Abdou Karim Sall, alors chargé de l’Environnement et du Développement durable, se ont sombrés dans une véritable léthargie.
Le Sénégal, fortement impacté par la pollution plastique, avait motivé la prise de mesures contre le fléau par la volonté ferme de limiter les dégâts causés par ce produit nocif à l’environnement. La loi n°2020-04 du 8 janvier 2020 relative à la prévention et à la réduction de l’incidence sur l’environnement des produits plastiques a été votée en remplacement de celle antérieurement initiée (en 2015) et qui limitait l’interdit aux seuls sachets à faible micronnage. Outre l’interdiction des sachets plastiques de faible micronnage, la loi n°2015-09 du 04 mai 2015 prévoyait des dispositions destinées à promouvoir la gestion écologiquement rationnelle des déchets plastiques solides et flexibles.
En effet, ses articles 2 et 3 posaient le principe de l’interdiction des sachets plastiques de faible micronnage et celui de la fin de la gratuité pour les sachets plastiques d’une épaisseur supérieure ou égale à 30 microns. Les articles 4 à 7 visaient à standardiser la production des sachets plastiques et à promouvoir la gestion écologiquement rationnelle des déchets plastiques. Les articles 8 à 16, quant à eux, prévoyaient les infractions et les sanctions ainsi que le principe de la responsabilité pénale des personnes morales. Malgré cet arsenal, les résultats n’ont pas été à la hauteur des objectifs, après plusieurs mois de mise en œuvre, l’État ayant décelé des manquements.
C’est pourquoi, le texte de 2025 jugé peu contraignant, la loi n°2020-04 du 8 janvier 2020 relative à la prévention et à la réduction de l’incidence sur l’environnement des produits plastiques a ainsi été adoptée. Elle interdit les produits plastiques à usage unique comme les gobelets, couvercles, pipettes et tous sachets destinés à être utilisés pour conditionner l’eau ou toute autre boisson. La consigne sur les bouteilles en verre devrait être aussi établie. Il était également prévu d’instaurer des taxes sur les produits plastiques non recyclables et l’obligation d’incorporer du plastique recyclé dans la fabrication de produits plastiques.
Seulement, avant l’expiration du délai retenu pour son application, la Covid-19 atteindra le Sénégal. Cette pandémie avait été à l’origine d’assouplissement des actions contre la présence du plastique sur le marché. La volonté de l’Etat du Sénégal à mettre de l’ordre dans la circulation des sachets plastiques devrait aller avec l’interdiction de la vente des sachets d’eau. Les entreprises qui s’activent dans ce domaine s’étaient opposées farouchement à cette directive de l’Etat. Finalement, elles ont obtenu gain de cause et continuent à exercer leurs activités, sans être inquiétées. Seuls les gobelets plastiques ont disparu du marché. A part ce résultat satisfaisant, consacrant la disparition des gobelets plastiques utilisés notamment par des vendeurs de café, tout le reste des différentes initiatives étatiques pour venir à bout du péril plastique, se sont illustrées par des échecs.
D’où l’importance de prendre à bras-le-corps cette menace réelle sur l’environnement déjà suffisamment mal en point avec un changement climatique dont des pays vulnérables comme le nôtre continuent de payer un lourd tribut.
Surtout que, l’Eglise, à travers le l’homélie de Monseigneur André Guèye, évêque de Thiès, lors du dernier pèlerinage marial de Popenguine, appelle le gouvernement à ériger au rang des premières priorités, la lutte contre le changement climatique.
En plus de mesures contre la cherté de la vie et la prise en charge de la «jeunesse désorientée».