Avant– Hier, le village traditionnel lébou de Ngor était placé en état de siège par la gendarmerie. Personne ne pouvait y entrer ni en sortir. Conséquence : Ngor a connu encore une nouvelle journée d’affrontements violents entre gendarmes et populations. D’ailleurs, ces dernières accusent les hommes en bleu d’avoir tiré des balles réelles en leur direction. Dans le cadre du litige foncier qui les opposent à la maréchaussée à propos d’un terrain servant de parking actuellement, les Ngorois ont rejeté la proposition de partage du président Macky Sall selon la clef de répartition suivante : 4000 m2 à la gendarmerie et 2000 m2 pour le village.
A la suite des affrontements d’hier violemment réprimés, la colère couve chez les Lébous de Ngor à Djender en passant par Yoff. En milieu de nuit, on apprenait d’ailleurs que les affrontements avaient fait au moins un mort et même « deux » selon le président du mouvement « Ngor debout », Mamadou Ndiaye.
Le litige foncier opposant la gendarmerie nationale et le village de Ngor a entraîné hier une nouvelle flambée de violence. Toute la journée durant, la gendarmerie a mis le village en état de siège. Personne ne pouvait entrer dans Ngor ou en sortir ce mardi. Un confinement qui a provoqué un mécontentement généralisé et une vive colère chez les populations. « Des gendarmes ont exigé que je fasse le grand tour pour sortir de la zone alors que mets à peine 10 minutes pour être sur la grande route. Depuis quand est-ce que les gendarmes se comportent de la sorte ? C’est du terrorisme, c’est du banditisme de la gendarmerie à l’endroit des populations. Nous ne nous laisserons pas faire ! Les Ngorois préfèrent mourir que d’être humiliés, nous n’allons pas abdiquer » nous confie un Ngorois très en colère. Poursuivant, il estime que « la gendarmerie se croirait en zone d’apartheid pour exercer un blocus sur le village de Ngor privant les populations de leur droit constitutionnel d’aller et de venir. Est-elle au-dessus des lois et règlements de ce pays pour venir occuper nos terres et vouloir y entreprendre des travaux sans aucune autorisation de notre part ? ».
Conséquence du blocus d’hier, des affrontements violents ont opposé les populations et les gendarmes. Les échauffourées se sont même déplacées jusqu’au niveau de la plage très fréquentée de Ngor. Aux jets de pierres des jeunes, les gendarmes répliquaient par des grenades lacrymogènes. Notre source soutient que les gendarmes ont tiré des balles réelles sur les populations.
Soulèye Mbengue, adjoint au maire, joint au téléphone par PressAfrik informe que des balles réelles ont été tirées sur des manifestants. Il renseigne qu’une fille a été touchée par balle. Elle a été enveloppée d’un drap blanc par les sapeurs-pompiers avant d’être évacuée à l’hôtel Ngor Diarama. Un autre habitant joint par PressAfrik révèle d’ailleurs que les notables du village de Ngor ont voulu organiser une conférence de presse ce mardi mais l’accès leur était interdit. « Les riverains ne pouvant vaquer à leurs occupations ont jugé nécessaire de sortir pour manifester leur mécontentement en faisant face aux forces de l’ordre » informe un habitant joint par PressAfrik. Qui ajoute que « la situation est très tendue en ce moment. Toutes les populations sont sorties pour plusieurs raisons. Les enfants ne peuvent pas aller à l’école. Les travailleurs ont été empêchés de se rendre au boulot. Pas d’entrée, pas de sortie. Pire encore, les forces de l’ordre entrent dans les maisons, elles défoncent les portes et attaquent les habitants ».
Des grenades lacrymogènes auraient été balancées dans des maisons. Rappelons que c’est un litige foncier qui oppose les gendarmes à la population de Ngor à propos d’un espace de 6000 m2 sur lequel les pandores veulent construire une brigade de gendarmerie alors que les autochtones souhaitent y voir implanté un lycée. Durant le mois de Ramadan, déjà, de violents affrontements avaient opposé les deux parties lorsque les gendarmes avaient débarqué du ciment, du fer et du sable pour entamer la construction. Ce contre quoi s’étaient opposés les jeunes du village sortis en masse. Il s’en était suivi de violents affrontements qui avaient fait tâche d’huile au niveau des villages voisins de Ouakam et de Yoff.
Selon certaines informations, le président de la République aurait tranché pour demander à ce que la gendarmerie prenne les 4000m² et que les 2000m² soient mis à la disposition des populations. Ce que ces dernières ont catégoriquement refusé. Elles veulent parler directement au président de la République. En tout cas, la montée de la tension à Ngor pousserait les dignitaires lébous à sonner la grande mobilisation de toute la communauté de Ngor, Ouakam jusqu’à Djender.