Sur 165 députés, quelque 70 femmes issues de diverses catégories socio-professionnelles (intellectuelles, actrices de développement, etc) ont siégé à l’Assemblée Nationale pendant la 13ème législature (2017/ 2022).
Lors de la première législature entre 1957 et 1963, il n’y avait aucune femme parmi les 80 députés de l’Assemblée Nationale dirigée par Lamine Guèye.
C’est lors de la deuxième législature (1963/1968) qu’une femme, Caroline Faye Diop, est élue pour la première fois à l’Assemblée Nationale.
La loi 2010-11 du 28 mai 2010 a institué dans son article premier la parité absolue homme-femme dans toutes les instances totalement ou partiellement électives.
’’La présence quantitative des femmes à l’Assemblée nationale grâce à la parité a permis une meilleure prise en charge des préoccupations des populations parce les femmes sont très imprégnées des difficultés que vivent les populations à la base’’, souligne la député Awa Guèye, vice-présidente de cette institution et présidente de la commission Santé pour cette 13ème législature.
Cumulant une expérience de deux législatures (12ème et 13ème), elle estime que ‘’la parité c’est bien mais pour améliorer les méthodes d’intervention des femmes dans le processus parlementaire, il faut au-delà du renforcement de capacités les promouvoir à des postes de responsabilités comme les présidentes de commission’’.
‘’Il faut également asseoir les bases d’une relation de redevabilité entre ces femmes parlementaires et les populations’’, a-t-elle noté dans une interview avec l’APS.
Dans ce sillage, observe la député Awa Niang ‘’de l’eau a coulé sous les ponts, la parité doit être respectée et chantée partout parce que c’est une source de développement pour le pays, pour les femmes et une source de motivation pour les plus jeunes’’.
’’Les femmes doivent être en grand nombre à l’Assemblée parce qu’elles comptent dans le pays et sont capables de changer nos vies’’, a ajouté Mme Niang par ailleurs tête de liste de la coalition Benno Bokk Yakaar dans le département de Pikine.
Mme Niang, également deuxième questeur de la législature sortante, soutient que plus que femmes à l’assemblée est synonyme de plus de développement des populations ‘’car nous (les femmes) sommes près des populations et des femmes en particulier ‘’.
Ausi, Mme Aminta Diallo, ancienne député socialiste de la 12ème législature (2012/2017), est d’avis que ’’sans la parité, il n’y aurait pas autant de femmes à l’Assemblée, c’est sûr’’.
Ainsi plaide-t-elle pour le renforcement des capacités des femmes sur le règlement intérieur, le budget et le rôle même du député.
’’Il faut qu’elles osent participer aux travaux de commissions, participer aux débats avec les ministres et prendre la parole au niveau de l’hémicycle pour défendre leurs localités’’, a-t-elle indiqué.
’’Des lois fortes à l’initiative des femmes parlementaires……’’
Pour Mme Awa Guèye, ’’la participation aux débats est accrue grâce aux femmes qui brillent par leur assiduité et leur organisation en collectif’’.
’’Elles ont fait du lobbying et portent des plaidoyers permettant d’obtenir des lois fortes’’, a-t-elle souligné.
Elle cite, entre autres, la loi sur la santé maternelle 2022, la loi sur la nationalité en 2014, la loi sur la criminalisation du viol et de la pédophile en 2019, la réforme du règlement intérieur de l’Assemblée nationale pour y introduire la parité en 2015 et le dépôt du rapport du budget genre à chaque Loi de Finances Initiale.
’’Les questions liées à l’éducation, à la sante, à l’agriculture, les infrastructures routières, la décentralisation et l’emploi des jeunes sont mieux débattues dans les commissions techniques et en plénières grâce à l’implication des femmes’’, a expliqué la présidente de la commission santé.
Cependant Mme Awa Niang insiste sur la nécessité de doter chaque député d’un assistant parlementaire. ‘’Cela nous permet d’être au fait des choses et de mieux participer aux débats’’, justifie-t-elle.
Pour être efficace, estime Mme Niang, ’’il faut assister aux travaux de commissions, c’est important pour comprendre le fond des choses’’.
Dans cette optique, Mme Guèye soutient que ’’les femmes qui aspirent à devenir député doivent toujours se faire assister d’un juriste pour comprendre certaines lois, d’un financier pour lire le budget, toujours préparer leurs interventions en évitant autant que possible les querelles de bas étage’’.
263 femmes parlementaires contre 1525 hommes sur les 13 législatures
Selon Ababacar Safy Ngom, auteur du livre ‘’l’Assemblée Nationale du Sénégal : relecture d’une longue pratique de la représentation parlementaire’’ paru aux Editions l’Harmattan, ‘’sur les 13 législatures, 1525 députés ont été élus depuis 1959, dont 1262 hommes contre 263 femmes.
Il évoque aussi le rythme d’évolution du nombre de femmes élues à travers les différentes législatures.
’’Ce nombre est très faible, n’atteignant jamais plus de cinq députés jusqu’à la onzième législature. Il y a quand même eu un fléchissement entre la septième (18) et la huitième législature (14)’’, a-t-il noté.
Cependant pour accroître l’efficacité des femmes au parlement, ’’il faut à chaque législature un plan d’action de renforcement de capacités sur les questions législatives et budgétaires, les questions de genre’’, a noté la vice-présidente, Awa Guèye.